On a vu pour vous ladite «pépite» du cinéma hollywoodien que le public attendait impatiemment. «Tenet» est capable, selon les gens du métier et un large public de cinéphiles, de remédier considérablement à un secteur cinématographique fortement ébranlé par la crise du Covid-19. Seulement, le dernier blockbuster de Christopher Nolan aura du mal à conquérir... Synopsis et bande-annonce annonciateurs d'un récit héroïque, futuriste à souhait et, forcément, apocalyptique, Nolan s'apprête à nous offrir une déambulation complexe dans un espace-temps parallèle... à l'image de sa prouesse légendaire et tellement complexe d'«Inception». Le public était au rendez-vous aux Etats-Unis, comme en Europe et ailleurs : présent, mais pris d'un scepticisme avant la projection, mais également après, l'accueil critique et public reste dans son ensemble mitigé... «Tenet», pour beaucoup, reste peu à la portée et peut paraître hermétique, voire inaccessible. Le pitch révèle d'avance l'attraction visuelle et temporelle de Nolan: Muni d'un seul mot— Tenet— et décidé à se battre pour sauver le monde, notre protagoniste sillonne l'univers crépusculaire de l'espionnage international. Sa mission le projettera dans une dimension qui dépasse le temps. Pourtant, il ne s'agit pas d'un voyage dans le temps, mais d'un renversement temporel. Commence alors un renversement des mouvements et de l'action générale du film dans le temps. Un récit d'action écrit et relaté à l'envers, difficilement accessible, est mis en marche. Jongler dans le temps et procéder à des allers-retours rétrospectifs sont pourtant ce qui caractérise le cinéma de Nolan, qui a déjà transcendé le 7e Art grâce à «Inception» et «Interstellar», entre autres. Le bémol, cette fois-ci, réside dans la difficulté à trouver un semblant de logique... L'univers reste impénétrable et de plus en plus oppressif, et ce, jusqu'à la fin. Les personnages se perdent et s'étranglent en 2h30 et on en sort vers la fin avec plein de questionnements. On a du mal à trouver un lien logique entre le parcours d'une balle, filmé à l'envers, et une scène grandiose dans un opéra : les moments-clés demeurent insaisissables et profondément éclatés. Sauver le monde, menace nucléaire, agent en cavale... le tout se mélange dans un chaos visuel. Le casting 5 étoiles tenu par Robert Pattinson, John David Wshington et Clémence Poésy ne convainc pas non plus : échanges creux, jeu prétentieux et détaché à l'image d'un jeu vidéo d'action. Beaucoup de passion et de détermination de la part de Nolan à vouloir accrocher le spectateur jusqu'au bout, mais en vain... L'incompréhension et la perplexité règnent malgré des scènes d'action spectaculaires et une prouesse visuelle remarquable, voire inédite. Des personnages qui se dédoublent dans le temps, un temps impossible à rattraper, et une action grandiose, mais qui part à un certain moment dans tous les sens. «Tenet» est un thriller quantique complexe qu'on n'ira pas voir pour se divertir, mais pour faire travailler nos méninges... et encore.