La situation conflictuelle à l'ARP nécessite aujourd'hui plus que jamais une charte engageante pour moraliser la vie politique et notamment parlementaire, car on ne peut plus, sous aucun prétexte, continuer dans cette ambiance de tension politique, d'autant plus que nos élus semblent ignorer tout engagement à instaurer une éthique de conduite parlementaire. Autrement, les interminables «spectacles» donnés à l'ARP et retransmis en direct sur nos écrans et surtout sur les réseaux sociaux finiront par désespérer définitivement l'ensemble des Tunisiens de cette classe politique et de sa capacité à susciter l'espoir et à ramener la confiance. On s'attendait à une nouvelle année parlementaire qui rompe avec les formes d'anarchie et les agissements de bas niveau observés dès les premiers jours de la deuxième législature. Mais malheureusement, la rentrée parlementaire a rimé, une nouvelle fois, avec accrochages, altercations, tensions et même gestes ignobles et injures. En effet, l'incorrigible parlement nous a réservé encore beaucoup de surprises tant la tension est à son comble. La rentrée parlementaire a d'ailleurs été agitée et les insultes de bas niveau, les altercations et autres ont aussitôt ressurgi au moindre différend. La situation est tellement grave que sous le dôme de l'Assemblée des représentants du peuple et en pleine séance plénière consacrée pourtant à auditionner le gouvernement sur le lourd dossier de la dégradation de la situation épidémiologique, on se permet tout, même de cracher, insulter et s'attaquer à son collègue. L'image est telle qu'un nouvel accrochage a eu lieu entre la présidente du bloc parlementaire du Parti destourien libre (PDL) Abir Moussi et le président du bloc Al-Karama Seifeddine Makhlouf, mais cette fois-ci, on a dépassé toutes les limites. En effet, ce nouvel épisode de tension politique implique, de nouveau, ces deux députés, pourtant leaders de deux formations politiques largement impliquées dans la scène politique et parlementaire tunisienne. Tout a commencé dans la première réunion du bureau de l'ARP consacrée à la répartition des responsabilités en ce début de session parlementaire, alors que Abir Moussi a crié aux dépassements survenus lors de cette réunion, Seifeddine Makhlouf a accusé cette dernière de vouloir « entraver sans relâche les travaux du parlement ». La présidente du PDL a d'ailleurs diffusé la vidéo de son agression verbale par le chef du bloc parlementaire où l'on entend clairement les insultes de Seïf Eddine Makhlouf contre elle. Il l'a traitée de tous les noms et lui a même craché dessus, alors qu'il savait qu'elle était en train de le filmer. La scène impliquait également plusieurs autres députés essayant de calmer Makhlouf qui était en train de s'attaquer à sa collègue. Makhlouf incontrôlable ! La situation ne s'est pas arrêtée avec ces formes d'injures et geste ignobles. Sur son compte Facebook, Makhlouf en a rajouté une couche et s'est également permis de traiter Abir Moussi de « femelle impolie ». En effet, dans un statut Facebook, le chef de la coalition Al-Karama s'est complètement lâché contre Abir Moussi en déversant un nouveau flot d'injures contre elle, la traitant notamment de « folle et de droguée ». Makhlouf, qui à chaque fois porte atteinte à l'image du parlement, pousse l'insulte à son comble et ne ménage pas celle qui, selon lui, « est droguée à la colle et au cirage», et ne représente pas la femme tunisienne. Indépendamment de leurs identités, ces deux députés, que tout opposait jusqu'à la haine réciproque, représentent malheureusement le parlement et tous ses députés, mais aussi toute la classe politique et c'est d'ailleurs ce qui explique le désarroi des Tunisiens face à un paysage politique défaillant. En effet, si les Tunisiens escomptaient un nouvel élan aux relations au sein du Parlement et à toute l'ambiance au cœur de cette institution qui doit impérativement se pencher sur son rôle de législation, notamment pendant ces temps de crise, ils ont été rapidement rattrapés par la triste réalité d'un parlement et des députés incorrigibles. Même si on s'attendait tous à une tension et à des altercations entre les députés, d'autant plus qu'ils représentent des courants et des familles politiques irréconciliables, observer ce genre de scènes choquantes au sein du parlement oblige toute la classe politique à condamner ces agissements qui portent atteinte à l'image de la Tunisie. Pour une charte d'éthique politique Cette situation conflictuelle nécessite aujourd'hui plus que jamais une charte engageante pour moraliser la vie politique et notamment parlementaire, car on ne peut plus, sous aucun prétexte, continuer dans cette ambiance de tension politique, d'autant plus que nos élus semblent ignorer tout engagement à instaurer une éthique de conduite parlementaire. Autrement, les «spectacles», donnés interminablement à l'ARP et retransmis en direct sur nos écrans et surtout sur les réseaux sociaux finiront par désespérer définitivement l'ensemble des Tunisiens de cette classe politique et de sa capacité à susciter l'espoir et à ramener la confiance.