C'est un consensus unanime concernant l'amélioration des relations sino-africaines que viennent d'adopter, les 4 et 5 décembre, les leaders africains et leurs homologues chinois à Johannesburg à travers un plan commun d'action 2016-2018 et la déclaration de Johannesburg. Le plan et la déclaration se présentent comme une feuille de route qui vise à renforcer davantage la coopération mutuellement bénéfique et le développement commun, ce qui répond à certaines critiques concernant un «colonialisme économique»... Le sommet des dirigeants chinois et africains a, d'une part, relancé la volonté de développement commun de la deuxième plus grande économie mondiale, la Chine, et du continent le plus prometteur du monde, l'Afrique. D'autre part, ce sommet est venu raffermir les vieilles relations d'amitié qui lient les deux parties lors d'une période de crise économique mondiale et alors que l'Afrique connaît une multitude de défis, dont notamment celui de faire face à des problèmes majeurs dans les domaines de la santé et de la sécurité. Le Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) à Johannesburg a permis de définir un nouveau cap pour la coopération entre la Chine et le continent africain. Le thème de cet événement en dit long : «L'Afrique et la Chine progressent ensemble : une coopération gagnant-gagnant pour le développement commun». Les décisions sont venues donner un élan pragmatique et réaliste à cette coopération et répondre ainsi à des analyses de certains médias faisant allusion à une sorte de «colonialisme économique». En effet, le président Xi a annoncé lors du FCSA que son pays allait lancer dix grands projets en vue de dynamiser la coopération avec l'Afrique au cours des trois prochaines années, 2016, 2017 et 2018. Il a cité l'industrialisation, la modernisation de l'agriculture, les infrastructures, les services financiers, le développement vert, le commerce et la facilitation des investissements, la réduction de la pauvreté, la santé publique, les échanges entre les peuples et, enfin, la paix et la sécurité. L'annonce de ces grands projets, financés à hauteur de 60 milliards de dollars, y compris 5 milliards de dollars de dons ou de prêts sans intérêt, constitue un moment historique pour les pays africains. La série de mesures annoncées par le président Xi à Johannesburg va permettre «d'approfondir la confiance mutuelle entre la Chine et l'Afrique, de manière à faire de la coopération chinoise une nouvelle alternative qui s'impose de plus en plus», ont commenté les médias chinois, notamment l'agence de presse Xinhua. La Chine a montré «un engagement politique fort à soutenir l'Afrique dans la réalisation du développement et de la prospérité», rappelant qu'elle était le plus important partenaire commercial de l'Afrique depuis 2009. L'importante expansion des chiffres commerciaux explique cette affection mutuelle, a commenté l'agence. Double élan économique et politique En termes de chiffres, lorsque le forum a été établi en 2000, le volume du commerce entre la Chine et l'Afrique était de dix milliards de dollars. A la fin de l'année 2014, les échanges commerciaux ont frôlé les 222 milliards de dollars, soit quatre fois plus qu'en 2006, tandis que les investissements chinois cumulés en Afrique ont atteint 101 milliards de dollars, bénéficiant à plus de 3.100 entreprises africaines. Aujourd'hui, la Chine est devenue le premier partenaire commercial du continent africain, et le ministère chinois du Commerce estime à 300 milliards de dollars les échanges commerciaux entre les deux parties pour l'ensemble de 2015. Le développement et l'amélioration des conditions de vie de la population sont deux buts partagés par la Chine et les nations africaines, qui comptent ensemble 2,4 milliards d'habitants. Chose qui a été confirmée dans les discours des leaders africains et chinois lors du sommet de Johannesburg. L'Afrique, riche en ressources naturelles et jouissant d'une abondante main-d'œuvre, se situe dans une phase émergente d'industrialisation, tandis que la Chine a accumulé des avantages sur les plans des technologies, des équipements, de la qualification de ses travailleurs et du capital durant les trois décennies passées de réforme et d'ouverture. La coopération avec la Chine aidera l'Afrique à aplanir les trois problèmes qui freinent son développement que sont la vétusté des infrastructures, la pénurie de talents et l'insuffisance de ressources financières, tout en accélérant son industrialisation et sa modernisation agricole afin de parvenir à un développement indépendant et durable. Les leaders africains ont été unanimes quant à ces objectifs, même si certains ont d'autres priorités urgentes telles que la lutte contre le terrorisme ou la lutte contre la propagation de maladies comme l'Ebola et le Sida. Outre des mesures de développement spécifiques assorties de délais précis, la Chine a également proposé cinq autres piliers, dont l'égalité politique et les bénéfices mutuels dans la coopération économique. Ces démarches aideront à traduire l'amitié en force motrice de développement commun, apportant des résultats tangibles aux peuples des deux parties. La volonté de booster ces relations s'est muée en décisions de porter les concertations politiques à de nouveaux paliers, ce qui a été l'avis de tous les dirigeants africains participants au sommet.