Le continent est «une force majeure dans la multipolarisation mondiale, un important marché émergent pour la reprise et l'intégration économiques dans le monde» Alors qu'il s'apprête à effectuer une visite officielle dans plusieurs pays africains, le Premier ministre chinois, Li Keqiang, accorde une interview aux médias. Dans ses réponses le responsable ne se montre pas avare en éloges envers le continent africain, mais pas seulement en éloges. Ainsi, le Premier ministre chinois souligne le rôle important qu'aura à jouer le continent africain dans le futur. Il voit en l'Afrique «un grand dynamisme... une force majeure dans la multipolarisation mondiale, un important marché émergent pour la reprise et l'intégration économiques dans le monde». Avec moins de 3% de contribution au commerce mondial, les propos du Premier ministre semblent flatteurs ou est-ce peut-être une anticipation stratégique des Chinois ? L'importance de l'Afrique, la Chine l'a comprise depuis un demi-siècle en renforçant peu à peu sa présence sur le continent et en se présentant comme alternative aux anciennes puissances coloniales. Prenant ses distances avec ces puissances concurrentes sur le terrain africain, Li Keqiang fait remarquer que la Chine n'a jamais assorti ses aides ou ses offres de collaboration avec des conditions d'ordre politique. Les Chinois ont cette capacité d'humilité, fausse ou réelle, lorsqu'il s'agit de coopération avec l'Afrique. Une coopération caractérisée selon le Premier ministre chinois par « la sincérité, la confiance mutuelle et la bonne entente » et considérée comme «un modèle de la coopération sud-sud». C'est donc «en ami» qu'est venue la Chine en Afrique, explique le Premier ministre chinois. Un ami qui vous veut du bien ? Certainement, à en croire Li Keqiang, qui rappelle, dans son interview, les grands projets entrepris par la Chine en Afrique, à l'instar de la construction du chemin de fer entre la Tanzanie et la Zambie. A coups de chiffres, il rappelle également que la Chine est le premier partenaire de l'Afrique avec des échanges commerciaux qui ont atteint 210 milliards de dollars américains et que «jusqu'en fin 2013, la Chine a annulé au total 20 milliards de yuans RMB de dettes» en faveur des pays africains. Selon un rapport du FMI, la coopération sino-africaine contribuerait à hauteur de 20% au développement de l'Afrique. Mais du côté chinois, on pense surtout à l'avenir, puisque l'Empire du Milieu compte donner plus d'élan à sa coopération avec les pays africains. Notamment sur de nouveaux secteurs, et à leur tête la sécurité. « Nous entendons travailler ensemble avec les pays africains pour raffermir sans cesse la confiance politique mutuelle, approfondir la coopération dans les domaines de la paix et de la sécurité, rehausser la coopération pragmatique et intensifier les échanges humains et faire progresser davantage le nouveau partenariat stratégique sino-africain», explique le Premier ministre Li Keqiang. Concrètement, le Premier ministre chinois, lors de ce premier déplacement à l'étranger depuis sa prise de fonction, s'entretiendra avec les dirigeants africains pour «écouter leurs attentes» de «l'ami chinois». Mais il ne le cache pas, l'Empire du Milieu a besoin de l'Afrique, car comme il l'explique : «La Chine se trouve dans une phase cruciale du développement marquée par l'approfondissement global de la réforme et l'accélération de la transformation du mode de développement, alors que l'Afrique entreprend une nouvelle marche vers l'intégration, la prospérité et la renaissance du continent». Lorsqu'on évoque les problèmes sino-africains, notamment en termes de qualité des prestations ou de conditions de travail, le Premier ministre chinois répond sans équivoque que «le gouvernement chinois est prêt à engager des consultations sérieuses avec les pays africains dans un esprit de respect mutuel, de pragmatisme et d'efficacité pour y trouver une solution».