Grâce à sa victoire face à l'ASM, le Club Africain fait son apparition dans le Top 10 du classement. Il était temps. Des lustres après ses derniers succès, le Club Africain a finalement chassé le signe indien. S'ils se sont fait peur jusque dans le temps additionnel, les hommes de Kouki ont montré du cœur sans vraiment survoler les débats. C'est déjà ça ! Peu importe la manière, disait Oussama Sellami, pourvu que le CA prenne les trois points. Le vœu de l'ex-stratège clubiste a été exaucé à El Menzah malgré les frayeurs ressenties quand Abbès fut à deux doigts de tromper Ben Mustapha, sauvé par l'acrobatie de Seif Tka. Plus même. Quand les banlieusards poussaient, de manière confuse cependant, les rares présents (huis clos oblige) ont bien cru revivre le scénario ô combien cruel du déplacement de Gafsa. Mais cette fois-ci, le gardien du CA n'a pas eu la main molle au moment de parer au danger. C'est qu'on imaginait déjà les conséquences d'une égalisation marsoise dans le temps additionnel alors que les locaux ont gâché une belle brochette de situations pour achever leur adversaire, en n'exploitant pas par exemple les balles de contre pour mener à bien leur fin de rencontre. Volet individuel, sur le front, Touzghar, la plupart du temps esseulé malgré son jeu en rupture et sa percussion, Nouioui, bon tripoteur de ballon, percutant sur le couloir gauche mais manquant visiblement de compétition, et Chenihi, élément technique qui doit plus se porter vers l'avant, ont tenté de peser mais le bloc bas marsois était assez compact. A l'entrejeu, Nabil Kouki a de nouveau changé la donne. Khalil, jusque-là meilleur joueur du CA, et ce, depuis quelques rondes déjà, a cédé sa place à Nater. Ce dernier a tenté de combiner avec Ayadi et Kader Oueslati mais les sentinelles marsoises veillaient au grain, surtout à l'entrée du rectangle. Quoique ce succès de rang ne constitue pas un triomphe, le CA a parfaitement réagi après une interminable série noire, une spirale de déconvenues qui a même altéré le mental du groupe et bien au-delà. Le break, après l'ouverture du score, le CA l'a cherché. Ce qui aurait bien arrangé des Clubistes tendus jusqu'au bout, à l'image d'un axe défensif approximatif dans le money-time. Cette troisième victoire du CA va toutefois lui permettre de souffler un peu mais pas pour longtemps. Le sort conjuré ? Il est un fait indéniable cependant : le CA va mieux. Il n'y a pas encore de quoi pavoiser, mais les joueurs de Kouki ne bouderont pas leur plaisir, après la victoire acquise face à l'ASM. Celle du décollage ? Peut-être, mais il faudra enchaîner pour retrouver confiance et constance. Au vu du contenu de cette rencontre, la victoire n'est pas injuste, mais elle n'est pas éclatante. Pour conjurer un sort qui en a fait un onze de bas de tableau, le staff technique n'a pas lésiné sur les formules et les variations du jeu ces temps-ci. La stratégie prônée face aux banlieusards n'a pas empêché le CA de prendre le match par le bon bout. Quant à l'ASM, il a beau tenter, trop peu et trop tard... Disponible et volontaire, le CA s'est installé assez tôt dans le camp adverse. Et Oueslati est venu par la suite concrétiser cette domination territoriale en ajustant Trabelsi d'une belle frappe. Au fil du temps, de manière intermittente, l'ASM, quant à lui, s'est montré incapable d'avancer, désireux de bloquer les flancs à tel point qu'il en ouvrait des boulevards dans l'axe. A partir de la demi-heure de jeu, les «Vert et Jaune» ont semblé bien mal embarqués dans le match. Probablement coupables de leur frilosité, les coéquipiers du trident Ben Hammouda-Dramé-Jaziri ont manqué de punch et de lucidité pour arracher l'égalisation. Grâce à cette victoire, le Club Africain fait son apparition dans le Top 10 du classement. Il était temps. Car pour la confiance, c'est très important. Cette victoire importante vient valider un redressement significatif. Un CA plus équilibré, plus solide, plus efficace, moins fébrile. Un succès qui propulse le club de Bab Jedid à quatorze points du leader mais seulement à trois points des possibles places d'accessit vers l'Afrique. Maintenant, si le CA y arrive de nouveau à domicile, il faut reproduire cela en déplacement pour vaincre désormais le syndrome des résultats en dents de scie. Cette courbe sinusoïdale n'est pas le propre d'un prétendant, mais l'identifiant d'un club de seconde zone. Le public clubiste, quant à lui, à défaut d'être conquis, semble soulagé. En clair, il n'en pouvait plus d'attendre. Il aura finalement fallu patienter bien des mois pour voir le CA gagner, enfin ! Réunir les ingrédients d'un redressement, les poulains de Nabil Kouki y ont ajouté le dosage nécessaire, en attendant que la sauce prenne.