Par Amel ZAIBI En même temps que le prédécesseur de Béji Caïd Essebsi, Mohamed Moncef Marzouki annonçait, hier à Tunis, la création officielle de «Harak Tounès Al Irada» (Mouvement Tunisie Volonté), une nouvelle formation politique qui signe la résurrection sur la scène politique de Moncef Marzouki et de son parti mort-né Harak Chaâb Al Mouatinine, l'ex-secrétaire général de Nida Tounès, Mohsen Marzouk annonçait, hier à Hammamet, son divorce de Nida, le parti dont il a été un des fondateurs. Sa bataille pour le leadership contre Hafedh Caïd Essebsi, son rival, aura débouché sur l'implosion du premier parti politique, celui qui, en écho à de pressantes attentes, a réalisé des miracles électoraux sans même avoir été constitué, comme le veut la règle. Elle aura aussi débouché sur la fin de ses ambitions à la tête du parti tel qu'il était avant son duel avec Caïd Essebsi junior. Il aura fallu à peine un an après les dernières élections pour que le paysage politique change de configuration, de teneur et de portée. La bipolarisation Nida-Ennahdha tant critiquée et redoutée risque d'être mise à mal pour cause. L'arrivée du parti de Moncef Marzouki et ses traditionnels alliés du CPR notamment, ainsi que beaucoup de déçus des dernières élections, annonce une nouvelle dynamique politique et surtout une nouvelle lutte agitée pour le pouvoir. Le divorce de Mohsen Marzouk de Nida ne restera pas non plus sans lendemains agités. Dans «la déclaration de Hammamet», Marzouk a parlé, devant des cadres appartenant au groupe des 31 parlementaires, de l'amorce d'un processus de refondation du parti Nida Tounès dont les tenants et les aboutissants seront connus le 10 janvier prochain. Or cette date a déjà été choisie et annoncée par la commission des 13 pour la tenue du congrès constitutif du même Nida. De quel Nida parlent les uns et les autres ? Si chacune des deux parties s'accrochent au parti initial de BCE, alors ce sera de nouveau l'impasse car un parti bicéphale n'est pas viable. Un des deux camps devra incessamment annoncer la création et le nom d'un nouveau parti politique. Marzouk pourra mieux le faire, il a déjà franchi le premier pas. Reste le non moins important : les structures et le financement. L'héritage de BCE en d'autres termes. Et si après cette longue bataille, les deux enfants nidaïstes de BCE parvenaient à s'entendre sur un partage équitable ? Il faut oser l'espérer puisqu'ils comptent défendre le même projet moderniste, à quelques différences près.