Des données du ministère de l'Agriculture confirment que le charançon rouge, un ravageur qui attaque les palmiers, continue de se propager en s'attaquant aux palmiers d'ornement, notamment, dans le Grand Tunis. Ce ravageur a fait son apparition à Carthage (Banlieue nord de Tunis) où les premières contaminations ont été découvertes en 2011 dans les palmiers ornementaux pour se répandre à fin octobre 2015 dans la délégation de Soukra à l'Ariana, à Tunis, à Radès, à Hammam-Lif, à Borj Cédria au gouvernorat de Ben Arous et à Utique dans la région de Bizerte. Cet insecte est qualifié de «menace réelle» par les chercheurs et les agronomes. Car, il pourrait faire des ravages s'il parvient à attaquer les palmiers dattiers en Tunisie, dont la production représente 22% des exportations agricoles du pays. Des moyens limités Contactée par l'agence TAP, Fethia Helali, de la direction générale de la protection et du contrôle de la qualité des produits agricoles au ministère de l'Agriculture, a reconnu que «le manque de financements, de moyens et de ressources humaines et aussi l'absence de techniciens et d'ouvriers saisonniers et l'intervention limitée des municipalités ont rendu moins efficace la lutte contre le charançon rouge». Elle a affirmé que le département agricole est intervenu, depuis l'apparition de la première contamination, il y a trois ans , et ce, en concertation avec les ministères et les services concernés. Pour combattre cet insecte, il faut commencer par délimiter la zone de contamination, puis faire le diagnostic et ensuite détruire la partie supérieure du palmier contaminé et procéder à un traitement par les insecticides, a-t-elle dit. Ces actions doivent être accompagnées d'un diagnostic concernant la santé des plants et pépinières des palmiers ornementaux installés dans le Grand Tunis. Le chercheur agronome Mohamed Lahbib Dhouib estime, lui, que malgré les efforts déployés sans cesse par le ministère de l'Agriculture pour juguler le phénomène, les résultats se font attendre et restent en deça des espoirs escomptés. «Déraciner les palmiers contaminés» Parmi les mesures d'urgence, Dhouib a évoqué la mise en quarantaine des plants de palmiers ornementaux ou dattiers et l'interdiction de l'importation ou le transport des palmiers vers les différentes régions du pays, l'objectif étant de limiter l'épidémie dans une zone bien déterminée. Il a estimé que le déracinement des palmiers contaminés et leur broyage sur place, en utilisant des équipements spéciaux onéreux, constituent également une solution pour combattre le charançon rouge et éviter sa propagation vers les palmeraies du sud de la Tunisie. Selon Dhouib, un des chercheurs spécialistes de ce type de parasites, il existe une solution de traitement totalement naturelle utilisant les pièges à phéromone (substance volatile émise par l'insecte femelle). Lesquels pièges sont installés dans le voisinage des palmiers contaminés de manière à attirer les insectes mâles et à les éliminer. Selon Dhouib, il faut persévérer dans le traitement des palmiers, car il n' y a pas de solutions définitive pour éliminer complètement ce parasite. La lutte contre le charançon rouge est plus efficace durant les périodes froides de l'année, vu que l'insecte se déplace moins rapidement, à cause du froid, soit une moyenne de 4 km/jour contre 50km/jour au cours des périodes chaudes de l'année, a-t-il dit. Source de revenus de 50 mille familles En effet, l'apparition de ce ravageur en Tunisie est expliquée, d'après plusieurs intervenants du secteur de l'agriculture, par l'importation de plants de palmiers de décoration sans contrôle ainsi que par le manque de sensibilisation et l'inconscience face aux risques de ce ravageur. Le charançon rouge a fait son apparition dans les pays du Golfe et au Moyen-Orient depuis 1988, à cette date en Egypte puis, en 1993, au Koweït et au Sultanat d'Oman. En Europe, son apparition remonte à 1993 en Espagne, en Italie en 2004 et en France en 2006. La culture des dattes contribue à hauteur de 8% au volume global de la production agricole en Tunisie. Les exportations de ce fruit ont généré, en 2015, des recettes d'environ 450 MD, faisant de la Tunisie le premier exportateur de dattes dans le monde. La filière offre, chaque année, environ deux millions de jours de travail et constitue une source de revenus pour 50 mille familles. Les palmeraies tunisiennes comptent 5,4 millions de palmiers dattiers, dont 3,5 millions de la variété «Deglet Nour» (65%).