L'exposition interactive «Waterlight Graffiti» de l'artiste marseillais Antonin Fourneau est à l'Institut français de Tunisie. Elle se situe entre l'agora et la porte du frigo de l'appartement. C'est un lieu où l'on peut laisser des messages éphémères comme jouer au morpion. Jusqu'au 20 février 2016. Ayant eu un large succès depuis sa première présentation en France en 2012, le projet «Waterlight Graffiti» continue sa tournée mondiale qui fait une pause à Tunis pour faire connaître le fruit d'une recherche menée depuis quelques années par l'artiste Antonin Fourneau sur la réalisation de matériaux sensibles à l'eau dans une version à résolution augmentée. Antonin Fourneau est né à Marseille en 1980. Il est diplômé des Beaux–Arts d'Aix-en-Provence en 2005 et de l'Ensad Paris en Art interactif. Antonin a déjà pris part à de nombreuses expositions liées aux arts numériques. Il enseigne actuellement les arts numériques à l'Ensad et intervient dans différentes écoles, à l'instar de CAFA à Beijing. L'exposition d'Antonin Fourneau à l'IFT a attiré de nombreux visiteurs qui ont pu découvrir les nombreuses inventions interactives de l'artiste et qui se sont amusés à peindre avec de l'eau sur le mur interactif de l'installation Waterlight Graffiti, en présence d'Antonin Fourneau, de l'artiste The Inkman et du DJ Khalil, qui ont animé la soirée du vernissage. Il s'agit d'une installation interactive sous forme d'un mur composé d'une multitude de LED qui s'illuminent lorsque leur surface est en contact avec l'eau. D'après l'artiste, «Waterlight pourra à l'avenir s'installer partout dans notre architecture et réagir avec nous comme avec les intempéries. Ce matériau enchantera les jours de mauvais temps et rendra plus ludique notre rapport avec la ville». En observant les diverses installations et créations issues de cet art numérique, audiovisuel et interactif, exposées dans le grand hall de l'Institut, on se sent littéralement plongés dans une autre dimension. L'idée du projet est née après un séjour à Pékin durant lequel Antonin Fourneau a observé un homme calligraphiant le sol au moyen de l'eau. Cette pratique appelée Dishu a inspiré l'artiste dans la conception du procédé de Waterlight Graffiti alliant eau et énergie électrique. Le Dishu repose davantage sur le geste que sur la pérennité du message tracé : les calligraphies disparaissent en séchant dès leur exécution sur les dalles de béton. «Waterlight Graffiti a été pensé comme un matériau qui réagit à son environnement et dont l'empreinte lumineuse à l'image du graffiti urbain est soumise à l'éphémère». Sur une plaque de 40 X 40 cm, les lignes lumineuses, les calligraphies et les dessins apparaissent comme par magie au contact de l'eau. Il suffit de dessiner ou d'écrire avec n'importe quel ustensile capable de déposer de l'eau : éponge, pinceau, pistolet à eau ou encore mieux une bombe de brumisateur d'eau pour que nos traces s'illuminent sur la plaque comme des constellations qui embellissent l'espace. Ainsi, optant pour une construction numérique dynamique, l'artiste construit un espace quasi virtuel qui opère dans le domaine de la construction réflexive. Dans une constante oscillation entre réel et métaphore, matière et virtualité, on explore l'art interactif dans les interstices de l'allusion et de l'illusion. Dans d'autres œuvres, on voit naître des particules lumineuses et des images fantastiques. Il s'agit des toutes premières créations de l'artiste telles que les «Prototypes de waterlight graffiti», réalisés en 2012. Ils représentent les premières versions de Waterlight Graffiti et qui rendent compte de l'évolution de l'œuvre. L'augmentation du nombre de pétales autour des LED offre une plus grande surface de captation, améliorant la mise en contact de l'eau avec le circuit imprimé et assurant ainsi une meilleure interactivité avec les LED. L'augmentation de la taille des dalles quant à elle permet de créer des installations de plus grande dimension. Les «Fleurs Hermès», réalisées en 2014, sont un projet conçu à l'occasion du lancement d'un parfum. L'artiste a créé des touches-senteur en forme de fleur dont le cœur doté d'une LED s'allume par vaporisation. Pendant un mois, donc, grands et petits sont invités à expérimenter ce «light graff», à taguer ou à calligraphier ses envies sur le mur de l'installation, dans la galerie de l'Institut français de Tunisie.