Exception faite de l'EST, les autres clubs tunisiens ne sont pas financièrement à l'abri. Y compris lesdites grosses cylindrées du championnat. Avec une économie nationale qui bat de l'aile depuis 10 ans et une conjoncture économique mondiale difficile, nos clubs se trouvent, pour la plupart d'entre eux, dans une situation financière peu reluisante. Exception faite de l'EST, qui peut toujours compter sur la générosité de son président et dont le budget s'appuie aussi sur les rentrées de ses produits dérivés, les autres clubs tunisiens, y compris lesdites grosses cylindrées du championnat, se trouvent financièrement sur le fil du rasoir. Une réalité que la menace de grève des joueurs sfaxiens en début de semaine est venue nous rappeler. Un autre acte nous a rappelé cette vérité de notre football au cours de cette semaine. Le Club Africain est parvenu à un accord à l'amiable avec son ex-attaquant congolais, Fabrice Ondama, pour payer son salaire sur deux tranches et le non-payement des pénalités de retard. Cet accord aidera sans doute le CA à lever l'interdiction de recrutement mais révèle une autre facette de notre championnat : la mauvaise gestion des affaires financières de nos clubs de football. Une gestion le moins qu'on puisse dire amatrice étant que nos dirigeants sportifs se permettent de faire signer des joueurs étrangers, alors qu'ils n'ont pas les moyens d'honorer leurs engagements. Par ailleurs, les quatre grosses cylindrées du championnat ont eu affaire chacune à la Commission des litiges de la Fifa ces dernières années. Et si l'Instance internationale de football les a interdits de recrutement, plus d'une fois, c'est parce que certains de leurs anciens entraîneurs ou joueurs les ont poursuivis devant la commission des litiges de la plus haute instance du football mondial pour, tout simplement, percevoir leurs salaires. Rien ne va plus... Dans notre football, rien ne va plus. L'infrastructure est délabrée car délaissée ou mal entretenue. Les recettes des matches sont quasi inexistantes à cause des huis clos à répétition ou une présence du public qui répond à un quota insignifiant, alors qu'auparavant, et même si nos clubs de football dits professionnels n'ont de revenus fixes que les subventions de l'Etat, les recettes des grands matches constituaient une bouffée d'oxygène pour leurs caisses. Les équipes de la seconde moitié du tableau attendaient impatiemment les matches contre les quatre grosses cylindrées du championnat pour jouer avec des gradins pleins et faire ainsi de grosses recettes qui leur permettaient d'équilibrer un tant soit peu leurs budgets. Des recrutements démesurés Un phénomène a envahi notre football ces dernières années : la course aux recrutements démesurés. Un ancien président de club en a fait sa spécialité : Slim Riahi. Le problème, c'est que Riahi a laissé derrière lui un club endetté, et jusqu'au cours de cette semaine, la direction du CA tente de colmater les brèches en essayant de trouver des accords à l'amiable pour honorer ses créances qui sont faramineuses. L'Etoile du Sahel croule aussi sous les dettes. Le club doit au moins 39 millions de dinars à son président Ridha Charfeddine. Quant au montant global des dettes, il est beaucoup plus important. Pour éponger ces dettes et réduire le déficit budgétaire, la direction de l'ESS a cherché, la saison dernière, à réduire la masse salariale. C'était non sans conséquences sur les résultats de l'équipe sur le double plan national et continental. Le CSS a opté pour la même politique et le résultat a été le même. Bref, nos clubs de football, hormis l'EST, demeureront financièrement sur le fil du rasoir, tant que leurs statuts ne se professionnalisent pas. On ne peut plus continuer à imposer à nos équipes de football des statuts d'associations omnisports à caractère amateur et les considérer en même temps comme des clubs professionnels de football. Amateur ou professionnel ? Il est temps de choisir.