Entre une sélection nationale sur le point de débarquer à Moscou, une Etoile et un CA en demi-finales des coupes africaines, une Espérance de Tunis au budget conséquent et les autres, l'écart est si grand... La Confédération africaine de football vient de classer le championnat de Tunisie comme étant le premier sur la scène continentale. L'Espérance de Tunis et l'Etoile Sportive du Sahel sont classées aux premiers rangs des clubs africains par la Fifa et la CAF. Il ne reste qu'un point à l'équipe de Tunisie et elle sera officiellement qualifiée pour la prochaine Coupe du monde en Russie. L'Etoile Sportive du Sahel et le Club Africain disputeront dimanche prochain les demi-finales de la Ligue des champions et de la Coupe de la Confédération. Il y a d'un côté ces données ô combien flatteuses d'un championnat de Tunisie qui donne l'impression de boiter. Car il y a l'équipe de Tunisie, l'Espérance de Tunis, l'Etoile du Sahel et le Club Africain d'un côté, et les autres. Les autres, ce sont tous les clubs tunisiens qui croulent sous les dettes et qui dans le meilleur des cas se positionnent en outsiders du championnat ou en sérieux prétendants pour remporter la Coupe de Tunisie. Dans ce paysage coupé en deux, il y a le Club Sportif Sfaxien qui fait la passerelle. D'un côté, le CSS croule sous les dettes puisqu'il est interdit de recrutements vu qu'il doit de l'argent à des ex-joueurs étrangers qu'il a recrutés, ainsi qu'à son ancien entraîneur, Paulo Duarte. De l'autre, le club de la capitale du Sud fait partie des grosses cylindrées du championnat au grand budget et qui, à l'instar du CA, de l'ESS et de l'EST, jouent les premiers rôles aussi bien sur la scène nationale que continentale. Le championnat de Tunisie regorge de talents. C'est aussi un championnat où l'argent coule à flots. Les salaires des entraîneurs et de bon nombre de joueurs sont exorbitants. Ce qui explique entre autre pourquoi la plupart des clubs tunisiens croulent sous les dettes car ils vivent au-dessus de leurs moyens. Des lois ambiguës, une infrastructure délabrée Quand on jette un coup d'œil sur les textes de lois qui régissent notre championnat, l'ambiguïté saute aux yeux. D'une part, la compétition est répartie en deux divisions professionnelles, Ligue 1 et Ligue 2, et les clubs font signer des contrats à des entraîneurs et des joueurs professionnels. D'autre part, ces mêmes clubs sont régis par des statuts d'associations omnisports amateurs. Bref, un championnat à deux vitesses et l'image est encore plus saisissante quand on voit la qualité de l'infrastructure sportive des équipes qui évoluent en Ligue 1. Hormis le stade olympique de Radès, qui héberge les matches à domicile de l'EST et du CA, le stade olympique de Sousse, le Stade Mustapha Ben Jannet de Monastir et le Stade Taïeb-Mehiri de Sfax, les autres enceintes sportives sont dans un état délabré. Des pelouses en très mauvais état et des gradins qui ne protègent ni du soleil ni de la pluie, sans compter les tribunes de presse, les vestiaires et les espaces de main courante, indignes d'un championnat professionnel. Le championnat de Tunisie a donc deux visages. Malgré une infrastructure inadaptée et le peu de moyens dont ils disposent, la plupart des clubs se battent comme ils peuvent pour former des joueurs. Des monstres sacrés ont toujours écrit l'histoire du football tunisien. Tarek Dhiab et Hédi Bayari ont fait leurs premières classes à l'Association Sportive de l'Ariana, avant de faire les beaux jours du football tunisien. Aujourd'hui encore, l'Association de l'Ariana forme encore de nouveaux talents, mais ses moyens ne lui permettent que de survivre en Ligue 2. C'est aussi le cas du Sfax Railways Sports. D'autres clubs formateurs ont disparu, à l'instar de l'US Maghrébine et l'Union Sportive Tunisienne. Quant au mythique Club Sportif des Cheminots, il n'est plus ce qu'il était et c'est bien dommage. De nos jours, l'argent est le nerf du football. Les quatre grosses cylindrées du championnat et l'équipe nationale l'ont bien compris. Les autres tentent tant bien que mal de suivre le mouvement. Ce n'est pas toujours gagné !