La nouvelle ONG ne s'inscrit pas à contre-courant des orientations générales du pays. Elle entend «insuffler du sang neuf dans l'économie et aider à apporter d'autres choix et solutions pour offrir aux jeunes sans emploi les possibilités d'horizons nouveaux...» Déjà inscrite au Jort de la République tunisienne, « l'Organisation des entreprises arabes pour l'investissement et la coopération internationale » (Orea) vient de voir le jour, dont le statut juridique d'une ONG lui permet une certaine souplesse de présence à une large échelle. Une telle position, comme l'indique son secrétaire général M. Béchir Saïd, est de nature à établir des ponts d'échange et des contacts avec le monde des affaires arabe et international. Sa devise est «sécurité, démocratie et investissement », un triptyque sacré qui sous-tend la volonté des entrepreneurs à s'installer ici et non pas ailleurs. C'est là, selon lui, la philosophie de l'économie des révolutions, mais aussi les préalables d'un développement nécessaire. Dans le sillage d'un élan révolutionnaire qui n'a pas fini de changer la donne dans ce pays encore en transition démocratique, la tendance doit être inversée, à la lumière d'un nouvel ordre des priorités nationales. Du sang neuf Justement, l'Orea, aux dires de son SG, en sa qualité de stratège des questions de développement, se fixe, dès le début, l'objectif de contribuer, autant que possible, aux efforts de création d'emplois et du développement régional. Cela dit, dans le sens d'aiguiser l'esprit d'initiative privée et de pallier la crise du chômage et la pauvreté. De surcroît, plaide-t-il, il est aussi question d'œuvrer à enclencher une dynamique d'investissement qui fait de la Tunisie un marché local à dimension régionale. Cela doit, bien entendu, s'accompagner d'une plateforme législative et institutionnelle susceptible de stimuler l'esprit d'entreprise et d'attirer l'attention sur le site tunisien. Sur cette lancée, M. Saïd semble avoir confiance en soi et dans son ONG à être une force de proposition et de pression. Mais pas à contre-courant des orientations générales du pays. Autant dire, son organisation, qui fait, d'ailleurs, partie de la société civile nationale, vise à jouer la « diplomatie économique ». Une diplomatie incarnant l'engagement à aller jusqu'au bout de ses défis : « insuffler du sang neuf dans l'économie et aider à apporter d'autres choix et solutions pour offrir à nos jeunes sans emploi les possibilités d'horizons nouveaux.. », ainsi promet-il. L'épargne et l'économie solidaire De son point de vue, la réflexion sur un modèle de développement alternatif ne doit se passer de « l'épargne » et de « l'économie solidaire et sociale ». Leur apport dans l'atténuation de l'inflation, la génération de postes d'emploi et la promotion des régions les plus démunies n'est plus à démontrer. Loin des caprices du néolibéralisme et du capitalisme sauvage. Autre proposition, et non des moindres : maintenir des rapports consensuels employeurs-employés, vu qu'un tel environnement professionnel décent favorise l'amélioration de la sécurité nationale. Le secrétaire général de l'Orea est on ne peut plus claire et précis : cela dépend, évidemment, du rôle à jouer par l'Ugtt, d'un côté, et l'Utica, de l'autre. Accent mis, ici, sur le poids des deux syndicats dans le rétablissement du climat des affaires. L'enjeu est aussi de mise. A ce niveau-là, M. Said préfère porter sa casquette de syndicaliste de formation, prétendant avoir défendu cette idée dans son dernier livre paru sous le titre « Enjeux de pluralité syndicale, à l'aune des mutations internationales ». C'est que les structures syndicales, considère-t-il, sont devenues une partie de la solution et non pas du problème. Preuve à l'appui, le Quartette du dialogue national, dont notamment l'Ugtt et l'Utica, est parvenu, fin 2013, à réussir le processus politique. Mais, argue-t-il, cela n'aurait dû jamais aboutir sans un vrai compromis. D'où, de bons rapports font toujours de bons résultats. Cap sur l'investissement Ayant la conviction qu'il n'y a plus d'autre solution que de mettre le cap sur l'investissement, ladite organisation tend à se présenter comme une « troisième voie », alliant l'offre et la demande. Afin que les besoins des demandeurs d'emploi et les exigences de l'entreprise économique fassent bon ménage. Bien comprendre cette équation, c'est déjà une demi-solution. D'ailleurs, « s'il y a motivation de lancement de cette organisation, c'est bien pour repenser l'œuvre de développement en Tunisie et faire en sorte que le citoyen en soit le moyen et la finalité», a-t-il encore expliqué. Au bout du compte, M. Said semble miser beaucoup sur les amis investisseurs des pays du Golfe qui lui ont montré, à ses dires, leur détermination à soutenir la relance de notre économie nationale. Maintenant que l'Orea est là, il ne reste qu'elle passe à l'action.