Trois minutes chrono, c'est le temps dont disposait chacun des dix candidats finalistes pour convaincre un jury exigeant. La concurrence était rude, mais les dix projets ont été jugés intéressants et prometteurs. La concurrence était serrée. Passant au peigne fin les projets pitchés, les membres du jury se sont attardés sur tous les Business Plan, les lacunes de faisabilité et les perspectives du marché. Pour eux, la tâche n'était pas facile. Allier le monde académique à celui des entreprises est désormais la vocation de l'Université de Carthage. En s'ouvrant sur une expérience inédite, l'Université s'est lancée dans le défi de soutenir et d'accompagner des jeunes étudiants dans la concrétisation de leurs idées de projets. Donner des ailes à une jeunesse assoiffée de savoir, débordante d'énergie et bouillonnante de créativité , tel est l'objectif du programme d'accompagnement qui a été initié par l'Université de Carthage dans le cadre du Projet d'Appui à la Qualité Practice Jawda (PAQ-DGSU), un projet financé par la Banque mondiale. L'idée est de mettre en compétition des étudiants ayant obtenu le statut d'étudiant entrepreneur (SEE), dans le cadre du concours "Carthage Innov Start-up 1.0" qui a été lancé au mois de mars 2021. "L'idée du concours est née au moment de la préparation du projet d'Appui à la Qualité. On dispose d'un pôle d'étudiants entrepreneurs qui regroupe des étudiants qui ont des idées de projets. Alors on s'est dit pourquoi pas, les mettre en compétition. Le concours a démarré en octobre, après avoir sélectionné les référents encadrants, et ce, selon les dispositions de la circulaire 2019 relative au statut de l'étudiant entrepreneur. Grâce à ce statut, les étudiants peuvent bénéficier de plusieurs avantages: ils peuvent, par exemple, être dispensés de certaines matières, accéder à des locaux spécifiques et dédiés pour l'entrepreneuriat, comme celui de l'Université de Carthage. Plus de 300 porteurs de projets ont candidaté et nous avons retenu 212 étudiants", a expliqué, Salma Damak Ayadi, vice-présidente de l'Université de Carthage dans une déclaration à La Presse. Un bootcamp pour renforcer les compétences des candidats En effet, l'Ucar est la première université à avoir accordé ce statut à des étudiants qui disposent d'une idée de projet ou comptent créer une entreprise durant leur parcours académique ou après l'obtention de leur diplôme. Les étudiants entrepreneurs ont été sélectionnés au mois de mars et ont suivi des formations spécifiques, visant à leur faciliter les concepts relatifs à l'idéation, au Business Model et au développement agile des projets, ainsi qu'à la communication. Pour ce faire, l'Ucar a lancé, le 1er octobre, un bootcamp à la Cité des sciences qui a permis de réunir, durant trois jours, les étudiants entrepreneurs avec leurs référents encadrants académiques, mais aussi avec des experts en entrepreneuriat, des professionnels et des représentants de l'écosystème tunisien. Grâce à un programme riche incluant des ateliers de Pitching, Market Sizing, Business Plan, loi Startup Act, Management juridique de l'innovation, Marketing, Optimisation fiscale, les jeunes entrepreneurs ont pu renforcer leurs compétences mais aussi affûter leurs business Plan. Dans un premier temps, un jury composé d'universitaires et d'experts dans le domaine de l'innovation a passé au crible les idées de projets et a sélectionné 10 finalistes. La cérémonie de remise des prix aux lauréats du concours s'est tenue, hier à la Cité des sciences, en présence des membres du jury, Boutheina Ben yaghlane, professeure à l'Ihec, Rajeh Khemiri, chargé des programmes Recherche et Innovation auprès de l'Union européenne, Hassene Manai, directeur administratif et financier à la Snipe-La Presse, Chiraz Arfaoui, DGA de Wiki Start-up, Khawla Khedimi directrice exécutive d'Enactus, et Chiraz Trabelsi de l'Agence Universitaire de la Francophonie. Animée par le journaliste Karim Ben Saïd, la finale a été une occasion pour les 10 étudiants entrepreneurs finalistes de présenter leurs idées de projets. Ils ont dû réussir leurs pitchs Les candidats ont dû en mettre plein la vue aux membres du jury en si peu de temps. Exactement, 3 minutes chrono pour pitcher. Allant du domaine de la santé jusqu'à l'intelligence artificielle, en passant par le design, le tourisme et la prise en charge de la petite enfance, les idées des start-up qui ont été présentées lors de la cérémonie proposent, en effet, des solutions à des problèmes qui existent dans des secteurs très diversifiés. "C'est très intéressant de voir qu'aujourd'hui nos étudiants sont déjà des entrepreneurs. L'idée d'éduquer nos étudiants à monter leurs projets depuis qu'ils sont à l'université est extraordinaire. Ce concours est une belle occasion pour voir que les étudiants de l'université sont déjà des entrepreneurs qui peuvent défendre et pitcher leurs idées et les concrétiser. Aujourd'hui nous avons assisté à des projets intéressants et à mon avis, ils seront des projets concrets et pourront donner lieu à des start-up", a commenté la présidente du jury Boutheina Ben Yaghlane dans une déclaration à La Presse. La concurrence était serrée. Passant au peigne fin les projets pitchés, les membres du jury se sont attardés sur tous, les Business Plan, les lacunes de faisabilité et les perspectives du marché. Pour eux la tâche n'était pas facile. Mais des critères comme la maturité ou encore la faisabilité du projet étaient décisifs dans le choix des lauréats. "Les critères de choix se sont basés essentiellement sur la créativité, la faisabilité, l'acceptabilité, le marché et la motivation des candidats", a affirmé Hassan Manai. Les trois premiers prix ont été, respectivement, accordés à Scorpio'Santé (un projet qui vise à structurer la chaîne de production du venin), Bambinosit (une plateforme qui met en contact des parents avec des nounous diplômés de l'enfance ou de la santé) et Cafe-are (un projet de recyclage des déchets de café pour la fabrication des gobelets). "Les 10 finalistes avaient tous des projets très intéressants. Je ne dirais pas que ce sont des projets innovants mais des projets prometteurs. Il y a des idées qui ont excellé sur tous les aspects, comme la maturité, l'innovation, la créativité. Il y a des idées de projets qui sont classiques mais qui ont pu repérer des marchés très intéressants, et qui ont déjà commencé à être mis en œuvre. Les étudiants aujourd'hui ont prouvé qu'il y a un potentiel et une maturité qui nécessite un peu d'accompagnement et de coaching pour donner vraiment de bonnes idées de startup prêtes à se lancer dans le marché", a expliqué Rajeh Khemiri, expert auprès de l'Union européenne. L'Université de Carthage qui vise, selon sa présidente Nadia Mzoughi, à être une université entrepreneuriale, souhaite révolutionner le monde académique en y intégrant une nouvelle composante relative à l'entrepreneuriat. Dans les années à venir, l'expérience sera généralisée à toutes les universités de Tunisie. L'objectif est d'en finir avec cette rupture qui existe entre l'université et le monde du travail. Photos: Koutheir Khanchouch