Manipulation médiatique, pouvoir des médias et désinformation sont autant de notions soulevées, hier, à l'occasion de la conférence internationale « Médias, désinformation et oligarchie financière : le pouvoir des médias », organisée par l'Institut de presse et des sciences de l'information (Ipsi) en partenariat avec la coordination Alba Malta Nord-Afrique et le Centre de Tunis pour la liberté de la presse (Ctlp). Il s'agit, selon les organisateurs de la conférence, d'une opportunité pour mesurer l'influence du pouvoir des médias sur l'opinion publique et leur contribution à répondre à des problématiques inhérentes au secteur de l'information. A cet effet, deux questions qui se sont posées : « La liberté de la presse est-elle devenue un mythe ? » ou encore « la presse serait-elle devenue une arme d'agression impériale ? ». Journaliste du collectif Investig'action et auteur de deux ouvrages « La stratégie du chaos » et « Jihad made in USA », Grégoire Lalieu a attiré l'attention sur les médias dits « mainstream » qui, a-t-il dit, ont tendance à relayer les mêmes informations quand il s'agit d'enjeux fondamentaux. Un droit et un devoir Répandus particulièrement en Occident, a-t-il précisé, les «mainstream medias » sont des médias publics qui sont soumis au diktat du gouvernement ou autres médias appartenant à de riches industriels qui s'adonnent à l'industrie médiatique pour répondre à une logique marchande classique, à savoir maximiser les profits en réduisant les coûts. Le journaliste, directeur du journal « Le Grand Soir », Victor Dedaj, a, de son côté, dénoncé la manipulation sans limites de l'information qui, a-t-il regretté, a suscité de violentes réactions voire des contre-révolutions, dans certains pays sud-américains. Il s'agit là « d'un véritable piège qui fonctionne à chaque fois », a indiqué Dedaj, auteur de plusieurs ouvrages sur la question. Selon lui, il ne faut pas parler de la liberté de presse comme de la grande distribution, car « il existe plusieurs presses avec différents intérêts ». Tout en contestant la notion de liberté dans le cas de la presse, Victor Dedaj a estimé que le droit à l'information est un droit fondamental qui, a-t-il dit, « devient un devoir pour la presse ». Pour Lotfi Hajji, journaliste à la chaîne d'information qatarie «Al-Jazeera », l'anarchie et la diversité du paysage médiatique actuel ont compromis la qualité de l'information et porté un coup dur à la crédibilité des médias. Selon lui, cette diversité a justifié la logique du profit et favorisé l'émergence de nouveaux intérêts comme moyen de garantir une certaine pérennité.