Des réformes doivent être engagées en matière de fiscalité, d'équité sociale et d'aménagement du territoire... Le développement ne peut être réalisé sans une croissance économique. C'est l'idée principale qui se dégage du Forum du Futur sur «les grands choix économiques et sociaux pour le renforcement du processus démocratique en Tunisie», organisé les 24 et 25 février dernier à Tunis par l'Association tunisienne des économistes. Une conférence de presse a été organisée hier pour présenter aux journalistes les recommandations dudit Forum. Selon M. Mohammed Haddar, économiste et président de l'association, «le Forum a permis d'analyser la situation économique actuelle et ses perspectives». Il a rappelé que ce Forum est un débat économique et social qui a intéressé beaucoup de monde, dont des hommes politiques, des universitaires et autres représentants des banques. Le Forum a permis d'aborder plusieurs thèmes en rapport avec l'économie nationale. Il a fallu six mois pour préparer cette manifestation. L'objectif du Forum était d'effectuer un diagnostic sur la situation économique et non pas de donner des solutions toutes prêtes à concrétiser. Il était question, de même, d'étudier les perspectives du développement dans notre pays. Un large consensus autour des grands choix De son côté, M. Mustapha Kamel Nabli a plaidé pour un large consensus autour des grands choix. C'est aux partis politiques d'identifier, sur la base des propositions émises, les solutions économiques aux problèmes qui se posent. Parmi les points soulevés lors du Forum, celui qui a trait aux différentes catégories sociales. La recommandation formulée dans ce sens concerne la nécessité d'asseoir une justice et une inclusion sociale. Toute personne doit bénéficier d'un travail décent, en favorisant davantage les femmes et les jeunes, en recourant si nécessaire à la discrimination positive. Par ailleurs, une nouvelle approche pourrait être mise en œuvre pour la lutte contre la pauvreté et l'analphabétisme dans des délais raisonnables. Dans ce contexte, il serait judicieux de prendre des mesures contre le phénomène de l'interruption précoce de la scolarité. Les ménages, d'autre part, doivent disposer d'un revenu stable qui leur permet de subvenir à leurs besoins. Les participants au Forum ont appelé aussi les pouvoirs publics à garantir l'égalité des chances, notamment dans les domaines de la santé, de l'éducation et de la formation. L'équité fiscale est une demande formulée par plusieurs intervenants. De son côté, l'administration fiscale devrait elle-même faire l'objet d'une restructuration. Selon M. Nabli, «la pression fiscale est actuellement assez élevée. D'où la nécessité de bien répartir la fiscalité, d'autant plus que certains contribuables s'acquittent de leur devoir fiscal, alors que d'autres ne le font pas». A noter qu'une fiscalité équitable permet à l'Etat d'améliorer ses ressources propres tout en diminuant la pression fiscale. Promouvoir le secteur privé Un autre point important soulevé lors du Forum concerne l'importance du rôle du secteur privé dans le développement et la croissance. Ce rôle doit être consolidé à la faveur d'un doublement de l'investissement. Au-delà de l'aspect quantitatif, l'investissement est appelé à améliorer ses méthodes de gestion, à opter pour l'innovation afin de pouvoir créer des richesses et générer de nouveaux emplois. Les participants ont recommandé en particulier la création de pôles urbains dans les régions en vue d'attirer les investisseurs, aussi bien tunisiens qu'étrangers. «C'est que certaines régions, explique l'ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, manquent des commodités nécessaires, ce qui décourage les investisseurs à y implanter leurs entreprises». Dans le cadre de l'aménagement du territoire, il est possible de prévoir de tels pôles urbains. Ce travail doit être réalisé dans le cadre d'une approche participative entre le secteur privé et le secteur public, représenté par l'Etat. D'autre part, des réformes doivent être réalisées au niveau des institutions de l'Etat dans le cadre d'une action prioritaire. L'objectif est d'améliorer le rendement de ces institutions afin qu'elles fournissent les meilleures prestations, aussi bien aux particuliers qu'aux chefs d'entreprise. En outre, l'administration est appelée à être neutre. Un appel a été lancé pour ouvrir un débat socioéconomique afin de poursuivre la discussion des différents thèmes qui concernent l'avenir du pays. Ce débat doit impliquer toutes les parties prenantes de manière à ce qu'elles formulent leurs points de vue dans les affaires qui concernent le développement et la croissance. C'est que la croissance annuelle moyenne au cours des années à venir ne dépasserait pas 2 à 3% si l'Etat n'engageait pas des réformes profondes dans les différents secteurs socioéconomiques.