Les associations et les syndicats des producteurs, réalisateurs, techniciens et distributeurs représentatifs du secteur cinématographique nous ont fait parvenir un communiqué publié, hier, dans le but d'éclairer l'opinion publique nationale sur la situation qui prévaut dans le cinéma tunisien, notamment après le gel provisoire par le Tribunal administratif des décisions de la dernière commission d'aide à la production cinématographique du ministère de la Culture. Le communiqué expose, en substance, ce qui suit : Un cinéaste connu pour son appartenance à l'ex-RCD et pour son inimitié manifeste pour la majorité des composantes du secteur cinématographique a intenté, au nom d'une association qu'il préside et qu'il a confisquée, un procès pour annuler les décisions de la commission d'aide à la production cinématographique de l'année 2015, accompagné d'une demande d'arrêt des décisions, jusqu'à ce que le Tribunal administratif tranche sur le fond. Cette association a, également, demandé le report de l'exécution des décisions de la commission jusqu'à ce que le Tribunal tranche concernant la demande de l'arrêt de l'exécution. Le Tribunal administratif a accepté cette demande et a ordonné la suspension de l'exécution des décisions de la commission en attendant de trancher sur la demande de l'arrêt de l'exécution. Tous les réalisateurs, producteurs, techniciens et cinéastes ont été, dans leur majorité, surpris par cette menace dangereuse qui constitue un précédent nuisible au secteur cinématographique à court et moyen terme, surtout si l'on sait que la majorité des accords entre le ministère de la Culture et les bénéficiaires de l'aide à la production ont été signés et que certains films ont été tournés ou sont en cours de tournage. La décision de suspension des aides à la production cinématographique pourrait provoquer troubles et tensions dans les rangs des professionnels du secteur et pourrait engendrer un grand nombre de problèmes : – De grandes difficultés financières pour les producteurs qui pourraient déboucher sur la faillite de ceux qui ont déjà préparé ou tourné les films – La privation de centaines de techniciens, de réalisateurs, d'acteurs et de fournisseurs de services techniques de sources de revenus, surtout que la plupart d'entre eux sont des professionnels indépendants n'ayant pas d'autres sources de revenus – Le blocage des accords de coproduction avec les parties étrangères entraînera la perte de confiance de ces dernières en les producteurs et en l'administration – La fragilisation du secteur cinématographique en offrant l'opportunité à tous les mécontents des décisions de la commission d'aide à la production de recourir au Tribunal administratif afin de remettre en cause la crédibilité des commissions et des décisions du ministère de la Culture. La commission d'aide à la production cinématographique reçoit annuellement 80 dossiers de demande d'aide à la production et ne peut satisfaire tout le monde, ce qui est la logique même, dans la mesure où tous les dossiers reçus ne répondent pas aux conditions de qualité. Cela outre que les subventions consacrées ne suffisent pas à satisfaire tous les candidats. Les commissions d'aide à la production nous ont habitués, depuis 2011, au sérieux, à la vigilance et à la transparence. Le retour de la Tunisie au-devant de la scène cinématographique internationale, par l'obtention de films tunisiens de plusieurs distinctions mondiales ainsi que le retour massif du public aux salles de cinéma constituent la meilleure preuve de la justesse des choix de ces commissions. La majorité écrasante des films tunisiens produits ces dernières années étant subventionnés par le ministère de la Culture. Il est à préciser que la majorité des films primés ont été réalisés par de jeunes réalisateurs ayant fait la preuve de leur capacité à créer et à toucher le public aussi bien en Tunisie qu'à l'étranger. En 2015,la dernière commission ne s'est pas détournée de sa ligne directrice puisque la plupart des projets subventionnés sont l'œuvre de jeunes réalisateurs. Les associations et les syndicats représentatifs du secteur cinématographique et signataires de ce communiqué nient toute représentativité des deux structures ayant introduit le recours en question et annoncent ce qui suit : – Nous appelons le ministère de la Culture à trouver une solution rapide à ce problème en vue de faire face aux dangers qui guettent le secteur et ses professionnels. – Nous annonçons notre intention de saisir le Tribunal administratif afin d'annuler sa décision de geler l'exécution des décisions prises par la commission d'aide à la production. Et nous avons pleine confiance en le Tribunal administratif qui rendra justice aux professionnels du secteur cinématographique. – Nous demandons aux professionnels de faire face énergiquement aux tentatives d'intimidation et de repositionnement menées par un cinéaste qui a quitté l'histoire par la petite porte. Et d'éviter, ainsi, de le suivre dans ses tentatives. – Nous annonçons notre mobilisation en vue de défendre le secteur cinématographique et de poursuivre notre parcours digne et honorable afin de porter haut le drapeau national dans les manifestations internationales et d'être encore plus proche du public tunisien. Les signataires : – La Chambre syndicale nationale des producteurs de longs-métrages – La Chambre syndicale nationale des exploitants et distributeurs du secteur cinématographique – L'Association des réalisateurs tunisiens – L'Association des cinéastes tunisiens indépendants – L'Association des ingénieurs du son.