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«La mise en application des instructions du chef du gouvernement tarde à venir» Entretien avec Mme Radhia Jerbi, présidente de l'Union nationale de la femme tunisienne (UNFT)
Leur dernier salaire leur a été versé en 2012 ! Le personnel de l'Union nationale de la femme tunisienne (Unft) continue de payer très cher la facture de la révolution. Délestée des subventions de l'Etat qui lui reviennent pourtant de droit, de par son poids historique en tant qu'organisation pionnière en matière de promotion des droits de la femme et du renforcement de sa contribution au développement, l'Unft peine à résister, faute de moyens. Son personnel n'a plus de quoi subsister. Sa crise traîne depuis quatre ans. Les décisions salvatrices se font trop attendre : les procédures avancent, semble-t-il, à pas de tortue. Las d'entendre des promesses non tenues et des slogans assommants, le personnel proteste, depuis près d'un mois, au seuil du ministère de la femme, de la famille et de l'enfance, mais en vain. Entretien avec Mme Radhia Jerbi, présidente de l'Unft. Où en sont les négociations avec le gouvernement sur l'octroi des subventions de l'Etat et sur le devenir de l'Unft ? «Nous avons frappé à toutes les portes pour attirer l'attention sur la crise ardue de l'Unft et sur la situation socioéconomique critique du personnel. Nous avons interpellé les associations œuvrant pour les droits de l'Homme, la Présidence de la République, le chef du gouvernement, la Commission des droits et des libertés, le secrétariat général du gouvernement, le conseil des députés du peuple, le ministère de la femme, de la famille et de l'enfance, le ministère des affaires sociales, de Solidarité et des Tunisiens à l'étranger...Tout ce travail a abouti à la reconnaissance, par l'Etat, de l'importance de l'Unft en tant qu'organisation nationale à préserver et à appuyer afin qu'elle continue à soutenir la femme tunisienne. Cependant, la mise en application des instructions du chef du gouvernement tarde à venir. Je présume que ce retard revient à la lenteur des procédures administratives...Probablement, de l'administration chargée des subventions des ONG... Qui sait ! Le personnel de l'Unft opère, depuis près d'un mois, un sit-in au seuil du ministère de la femme, de la famille et de l'enfance, en guise de protestation contre ce qu'il appelle «le laxisme de la ministre quant à la résolution de la crise de l'Unft». Pouvez-vous nous éclairer davantage sur cette tension entre l'Unft et le ministère de la femme, de la famille et de l'enfance ? Il n'y a ni tension ni litiges entre l'Unft et le ministère de la femme, de la famille et de l'enfance. La ministre avait, toutefois, déclaré que le dossier de l'Unft lui avait été confié et qu'elle s'engageait à le régler dans le plus bref des délais. Or, cela fait des mois que le personnel s'impatiente de voir les promesses de la ministre se traduire en réalité. Déçu et las d'entendre des slogans pompeux, des promesses non tenues, il a décidé de protester au seuil dudit ministère afin de rappeler la ministre à ses engagements, ce qui est tout à fait compréhensible. Le personnel de l'Unft a faim. Il ne demande qu'à bénéficier de ses droits les plus légitimes : son salaire pour vivre dignement et en sécurité. Il ne tolère ni l'insouciance de l'ex-ministre de la femme du temps de la Troïka ni le laxisme de la ministre actuelle. Or, même le sit-in ne semble intriguer personne. Manifestement, les droits de l'Homme se limitent à des slogans clamés et des paroles au vent. A quand remonte le dernier versement des salaires du personnel de l'Unft ? Au dernier trimestre de 2012. Le budget de l'Unft a été vite épuisé pour aider le personnel à résister un tant soit peu à la crise. La gouvernance nous a octroyé, par la suite, des avances sur subventions conditionnées. L'Unft était dans l'obligation, en effet, de consacrer une bonne partie de ces avances pour payer ses dettes auprès de la Cnrps, de la Cnam et j'en passe. Si l'Unft est incapable de payer son personnel, elle a sûrement du mal à planifier des projets et à les mener à bien ? Evidemment. Nous avons une série de projets et de programmes en instance, faute de moyens. Je donne, pour exemple, le programme d'appui aux microprojets en faveur des femmes, concocté notamment en collaboration avec l'UE. D'autant plus que nos activités restent en stand by : les centres de formation professionnelle, les centres de formation agricole destinée aux femmes rurales, les centres d'encadrement de l'enfance sont hélas fermés. D'un autre côté, nous avons élaboré un projet de mise à niveau de l'Unft dont l'organigramme est prêt à être appliqué. Autant de projets, autant d'ambitions en instance à défaut d'argent. Malgré cette frustration et cette injustice, l'Unft résiste. Le personnel a faim, mais continue à travailler avec les modestes moyens du bord, dans l'attente de jours meilleurs.