«J'ai été insultée par certains, d'autres ont même cru que j'ai abandonné la religion musulmane» «Depuis, je me vois plus libre, plus simple, et surtout plus en confiance» Le voile est une réalité sociale, il ne s'agit pas de dire si c'est bien ou mal. Le voile est généralement respecté, comme un choix vestimentaire ou religieux personnel. Mais depuis quelque temps, un nouveau phénomène fait son apparition ou plutôt...sa disparition : plusieurs femmes choisissent de troquer le voile contre des habits à la mode qui vont parfois jusqu'à l'excès. Pourquoi choisissent-elles d'enlever le voile ? Comment ont-elle affronté le regard d'une société somme toute conservatrice. C'est ce que nous avons tenté de savoir avec le témoignage de trois jeunes filles qui ont, toutes cependant, choisi l'anonymat. C'est le cas de Rym, 22 ans, qui avait choisi de mettre le voile depuis plus d'un an et demi «sans réfléchir, nous dit-elle, sans vraiment prendre mon temps». Au bout d'une semaine, Rym n'en veut plus, le poids pourtant léger du voile commence à lui peser. Pourtant, elle ne l'enlèvera pas tout de suite, faute «d'audace nécessaire». «J'ai même tenté de me convaincre, je me disais que je m'y habituerai forcément, mais en fait rien n'y fait. Parce que le hijab n'a franchement rien changé en moi, je suis restée la même avec les mêmes convictions, je ne vois pas en quoi le voile était nécessaire. J'ai eu l'impression d'agresser ma liberté». Il y a quelques semaines, Rym a franchi le pas. Comme fière de se retrouver de nouveau, elle inonde sa page Facebook de photos sans voile, jouant avec son regard et ses yeux verts. «Depuis, je me vois plus libre, plus simple, et surtout plus en confiance ». Si Rym regrette d'avoir porté le voile, pas de regret en revanche pour Salma, 26 ans, qui considère que c'est une étape dans la vie, comme une expérience. Suite à un cumul de problèmes survenus sur les plans familial, personnel, financier et professionnel, Salma décide de porter le voile. Elle le portera pendant toute une année. «C'est un recours très fréquent chez les jeunes après les échecs, c'est de s'orienter vers la religion et de s'approfondir dedans. La preuve, c'est qu'au moment où j'ai dépassé cette phase de détresse et j'ai repris mes habitudes, je ne me suis pas reconnue avec le voile et j'ai décidé, aussi brusquement, de l'enlever sans trop réfléchir, je sentais comme si je portais une autre personne sur mon dos», confie-t-elle. Une toute autre histoire a conduit Aroua, une jeune journaliste de 22 ans, à abandonner le voile. Toujours convaincue de la nécessité du voile pour une femme, Aroua l'enlève en raison de son boulot. Elle, qui travaille comme journaliste politique, est toujours considérée à tort qu'elle appartient ou, en tout cas, qu'elle est sympathisante d'un parti islamiste. «J'ai eu beaucoup de mal à établir des contacts avec des hommes politiques, nous dit-elle. L'information, c'est ce qu'il y a de plus précieux dans notre métier, et sans de bons rapports, il est difficile d'obtenir les bonnes informations». Dans une société somme toute conservatrice, il aura fallu à ces jeunes filles beaucoup de courage pour l'affronter et les choses n'ont pas toujours été faciles : insultes et accusation d'apostat, la société n'aime pas trop le changement. «J'ai été insultée par certains, d'autres ont même cru que j'ai abandonné la religion musulmane, explique Aroua. Mais beaucoup ont respecté mon choix aussi et les premiers à l'avoir accepté c'est ma famille à laquelle j'ai tout expliqué». Pour Rym, c'est du regard des autres qu'elle a souffert, des regards haineux et méprisants parfois. «Il y a deux sortes de réactions, celles qui considèrent que tu as eu tort d'enlever le hijab, et celles qui considèrent que tu as fait le bon choix. Mais les deux réactions m'importent peu, ce qui importe, ce sont mes convictions personnelles».