Par Abdelhamid Gmati La situation générale à Ben Guerdane retourne à la normale, mais la traque des terroristes se poursuit et s'intensifie dans plusieurs autres régions du pays où l'on découvre des cellules de terroristes et où l'on procède à des arrestations, comme dans le gouvernorat de Kébili où l'on a arrêté une trentaine d'individus suspectés d'avoir hissé le drapeau de Daech au-dessus de l'hôpital de Zaâfrane. La guerre contre le terrorisme sera longue et on appréhende d'autres attaques et des attentats terroristes. Les Tunisiens en sont conscients et multiplient les actes de solidarité à l'instar de la Poste tunisienne qui met à la disposition des donateurs un compte postal ouvert au nom du fonds de lutte contre le terrorisme ou du ministère du Commerce et de l'Ugtt qui appelle à faire don d'une journée de travail à la lutte contre le terrorisme. Les politiques, eux, courent les plateaux de télévision et les studios de radios pour critiquer le gouvernement, pour demander des comptes aux auteurs présumés de l'expansion du terrorisme, etc. L'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap) estime que le moment est venu pour accentuer la pression sur le gouvernement et annonce, dans un communiqué, que les agriculteurs vont s'abstenir d'alimenter les marchés, notamment en produits agricoles. On estime que les demandes des pêcheurs ont été négligées par le gouvernement et que la grève générale observée par les pêcheurs dans tous les ports de pêche se poursuit. Une belle polémique et un bel exemple de solidarité. Certains attisent le feu et profitent des événements sanglants de Ben Guerdane pour envenimer les relations tuniso-libyennes. Ainsi, le gouvernement intérimaire libyen a tenu à répondre aux déclarations du président de la République, Béji Caïd Essebsi, qui estimait que la Libye exporte le terrorisme en Tunisie. Le communiqué du gouvernement libyen précise que la Libye souffre, elle aussi, de la barbarie des terroristes dont la majorité sont des Tunisiens. La Libye assure que les terroristes tunisiens ont assassiné plusieurs de ses citoyens sans aucun respect pour les vies humaines. Mais elle estime que les terroristes ne représentent aucun pays, puisqu'ils ne respectent pas les droits humains. Le gouvernement libyen appelle tous les pays voisins à l'union pour faire face à ce fléau. Puisqu'il est admis que le terrorisme n'a pas de patrie et n'est l'apanage d'aucun pays, pourquoi ce communiqué ? Caïd Essebsi n'a pas mis en cause le peuple libyen, mais a évoqué une réalité se basant, entre autres, sur un rapport de l'ONU, qui invite « à la méfiance à l'égard de la Libye qui serait une source de soutien logistique appuyant des groupes terroristes » et affirme que « l'organisation terroriste, Daech, essentiellement installée à Syrte, est actuellement l'unité politique et militaire la plus active dans la région ». Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a déclaré jeudi qu'il s'apprêtait à plaider pour des sanctions contre des responsables libyens coupables à ses yeux d'entraver le processus de formation d'un gouvernement d'union à même de lutter contre l'organisation Etat islamique. « Il y a urgence. Si on veut trouver les solutions pour combattre Daech et soutenir les Libyens, (encore) faut-il qu'ils aient des autorités légales reconnues par la communauté internationale ». Une autre polémique a agité certains adeptes du cafouillage. Des soldats tunisiens ont tenu à immortaliser leur bravoure via des selfies pris avec des cadavres de terroristes. Des images qui ont fait le tour des réseaux sociaux et ont suscité de vives réactions. On a même sollicité le ministère de la Défense sur ces images considérées comme de « mauvais goût », voire de « porter préjudice aux terroristes tués ». On apprend que les 4 soldats ont été réprimandés mais pas sanctionnés. Pourtant, il s'agit de jeunes soldats sans aucune expérience et qui, après de durs combats, et après avoir vu leurs frères d'armes tomber, victimes des terroristes, ont voulu « fêter la victoire de l'armée sur les terroristes ». Une bourde, peut-être, mais fallait-il toute une polémique pour cela ? Dans l'état actuel des choses et avec ce terrorisme qui frappe un peu partout, est-il indispensable de se lancer dans des polémiques stériles et qui peuvent même être nuisibles ? A.G.