On attend, avec des sentiments mitigés, de confiance, d'espérance pour certains, et de méfiance et d'inquiétude pour d'autres, la journée du vendredi 17 décembre. Le Président Kaïs Saïed révélera, en présidant l'anniversaire de la révolution, dans sa nouvelle date, les décisions que les Tunisiens attendent depuis le 25 juillet et s'impatientent de voir le Président les mettre en œvre depuis le 22 septembre A l'approche de la journée du 17 décembre, instituée par le Président Kaïs Saïed comme la date de la révolution en remplacement de la date du 14 janvier, considérée comme celle de la spoliation par les corrupteurs et les corrompus de la révolution, pullulent quotidiennement sur les plateaux TV et radio, sur les journaux de la presse écrite, sur les sites de la presse électronique et sur les réseaux sociaux, principalement Facebook, les observateurs, analystes, politiciens et blogueurs autoproclamés interprètes exclusifs de la parole présidentielle, décodeurs autodésignés décryptant le contenu chiffré des différentes apparitions médiatiques du Chef de l'Etat dans le sens d'éclaircir ce qui paraît aux Tunisiens incompréhensible dans les phrases qu'il prononce en arabe dialectal jugé comme difficile à la compréhension du citoyen lambda qui peine à comprendre les allusions et les formules présentées comme étant hautement littéraires, que le Président utilise généralement dans les discours qu'il adresse aux Tunisiens via les ministres ou les responsables qu'il reçoit quasi-quotidiennement au Palais de Carthage mais sans se soucier de savoir si les Tunisiens ont reçu comme il se doit les messages qu'il leur adresse. Et ces interprètes prétendent comprendre exclusivement ce que le Président Kaïs Saïed révèle à sa façon, ce à quoi il fait allusion en s'empêchant, par exemple, de citer le nom de la personne qu'il accuse d'avoir empoché cinq cents millions de dollars destinés à la Trésorerie générale ou enfin ce qu'il ne dit pas ouvertement ou même par allusion. Ils s'imposent sur les plateaux pour nous annoncer ce que Kaïs Saïed va décider le 17 décembre à l'occasion de la célébration du 11e anniversaire de la révolution. «Un tremblement de terre, un tsunami de décisions, celles précisément que les Tunisiens attendent et qu'ils implorent le Président Kaïs Saïed de prendre bien avant le déclenchement des processus du 25 juillet et du 22 septembre dernier», révèle Abid Briki, le président du Parti la Tunisie en avant. Il assure, en effet, avoir téléphoné au Chef de l'Etat le jour où le mouvement «Citoyens contre le coup d'Etat» a organisé, au Bardo, sa manifestation appelant à la suspension des mesures exceptionnelles du 25 juillet et à l'annulation du décret 117 en date du 22 septembre 2021. Le Président de «la Tunisie en avant» refuse de révéler le contenu de sa conversation avec le Président. Toutefois, il ne s'empêche pas d'exprimer son soutien personnel et celui de son parti aux décisions qu'on attend que le Chef de l'Etat annonce peut-être. Ainsi, «la Tunisie en avant» est pour la publication par le Président Saïed d'un décret présidentiel qui amendera la loi portant création du Conseil supérieur de la magistrature ou la promulgation d'un décret qui supplantera le Conseil supérieur de la magistrature. Le parti soutiendra également — toujours selon son président — la dissolution pure et simple du parti Ennahdha pour crimes électoraux, conformément «aux jugements émis par la Cour des comptes» dans son rapport de fin 2020 sur le déroulement des élections législatives et présidentielles d'octobre et novembre 2019. Plus encore, et comme le prédisent ou le pronostiquent, voire le souhaitent ou l'espèrent plusieurs parties, Abid Briki prévoit l'arrestation des corrumpus qui sont des centaines à être épinglés ou désignés du doigt par le Président Kaïs Saïed. Et comme les membres de «la campagne explicative» qui ont participé à la campagne électorale du Président Kaïs Saïed ont semble-t-il lâché prise, les lieutenants nahdhaouis fidèles à Rached Ghannouchi ont réinvesti, ces derniers jours, le paysage politique et médiatique national pour convaincre les Tunisiens de la nécessité de leur retour à la vie politique nationale, que l'Ugtt donne l'impression d'avoir pris la décision de faire cavalier seul dans le but de sauver la Tunisie selon sa propre approche que les syndicalistes baptisent «la troisième voie» et qu'un début de vent de division semble flotter du côté du parti Echaâb, l'inconditionnel soutien au Président Kaïs Saïed avant que Salem Labiedh ne revienne à ses dossiers et carnets d'explorateur de l'avenir pour sentir une odeur qui ne rassure pas les Tunisiens qui attendent — certains avec impatience et espérance, d'autres avec préoccupation et méfiance — la journée du 17 décembre ont pleinement le droit d'exiger que Kaïs Saïed ou l'un de ses collaborateurs officiels et non autoproclamés les rassure sur ce qui adviendra de leur pays dans la semaine à venir.