Traiter de la reconstruction commune de l'entreprise et de la République signifie aussi des réformes politiques et institutionnelles profondes, qui deviennent de plus en plus urgentes et qui ne peuvent se réaliser sans stabilité économique. Depuis plus d'une décennie, la Tunisie ne cesse de faire face à de réelles difficultés structurelles qui demeurent toujours à surmonter (chômage, disparité régionale, détérioration du service public, faible inclusion sociale, baisse des investissements et du pouvoir d'achat, déséquilibre économique et financier, inflation élevée, surendettement de l'Etat...). A tous ces problèmes structurels s'ajoutent de nouveaux enjeux majeurs qui menacent désormais l'équilibre et la cohésion de notre nation et qui auront un impact sur l'avenir du pays. Et donc, il est temps de débattre de ces problèmes structurels pour qu'on ne perde pas le courage de résister et ne condamne pas l'avenir des générations futures. Mais avant d'oser le changement et entamer les réformes nécessaires, il faut revenir à l'origine du problème et ainsi tenter d'y remédier. Mais là encore, les raisons des difficultés et des crises majeures qu'on traverse depuis un bon moment ont été, à maintes reprises, diagnostiquées et les idées ainsi que les propositions pour y faire face n'ont jamais manqué. C'est plutôt la mise en œuvre efficace et rapide qui a toujours ses défauts. Toutes ces problématiques et bien plus ont été abordées lors de la 35e édition des Journées de l'entreprise, qui s'est tenue du 9 au 11 décembre 2021 à Sousse sous le thème : «L'entreprise et la République : une reconstruction commune». Quid d'une entreprise républicaine ? Le coup d'envoi de cette 35e édition a été donné par Tahar Bayahi, président de l'Institut arabe des chefs d'entreprise (Iace), pour qui, outre le manque de volonté, on constate aussi un problème de méthodes, de moyens et de ressources, à l'heure où on a besoin d'une approche participative, d'une concertation publique/privée, d'une adhésion et d'une responsabilisation de l'administration dans la mise en œuvre des réformes. Et donc, traiter la reconstruction commune de l'entreprise et de la République signifie aussi des réformes politiques et institutionnelles profondes, qui deviennent de plus en plus urgentes et qui ne peuvent se réaliser sans stabilité économique. M. Bayahi a affirmé également que ces journées sont aussi l'occasion pour demander à nos décideurs d'assurer un environnement propice des affaires, c'est-à-dire plus de liberté avec notamment une plus grande libéralisation de l'économie, moins d'autorisations et de contraintes bureaucratiques à même d'encourager l'entrepreneuriat et enfin, et non de moindre, la garantie d'un Etat de droit auprès d'une justice qui devient un véritable jeu peureux et aléatoire. Pour lui, cela ne manquera pas de libérer rapidement les énergies et de profiter des énormes opportunités qui s'offrent aux entrepreneurs et à notre pays que ce soit sur le marché national que sur les marchés internationaux. «Pour atteindre ces objectifs, il nous fallait séparer deux temps : le temps du politique et celui de l'économie. Bien évidemment, c'est le temps de l'économie qui nous intéresse en particulier et qui ne doit pas s'arrêter ni pour l'Etat, ni pour les agents économiques, ni pour notre peuple... Et donc, l'entreprise doit se promouvoir et être non pas uniquement citoyenne, mais ''républicaine''. Et malgré un contexte économique, politique, social et sanitaire difficile et incertain, l'entreprise doit continuer d'investir, de produire pour participer à la création de la richesse nationale, d'employer pour donner aux Tunisiennes et aux Tunisiens, et en particulier aux jeunes, leur raison de vivre et de vivre décemment, de réaliser des profils, d'être suffisamment rentables pour continuer à contribuer au maintien des structures de l'Etat et des services publics et de participer à la vie de la cité..., mais cela ne pourra se faire que dans le cadre d'une République démocratique et d'un Etat de droit dans lequel elle aura toute sa place et pourra ainsi pleinement contribuer et se développer», a-t-il précisé. L'Etat déterminé à honorer ses engagements extérieurs Pour sa part, la Cheffe du gouvernement, Najla Bouden, a profité de l'occasion pour annoncer que le gouvernement œuvre à mettre en place un plan de sauvetage pour une économie plus équitable et qui englobe tous les secteurs. Par ailleurs, le gouvernement se penche actuellement sur la préparation d'un projet d'accord avec le Fonds monétaire international (FMI) dans une logique de transparence. Dans ce sens, Mme Bouden affirme que l'Etat est déterminé à honorer ses engagements extérieurs et que ce projet permettra à notre pays d'améliorer sa note souveraine et par la suite d'adresser des signaux positifs aux investisseurs étrangers et aux pays amis disposés à soutenir la Tunisie sur le plan financier. La Cheffe du gouvernement a présenté dans ce sens les grandes lignes de ce plan de sauvetage, qui s'articule autour de la mise en place des réformes économiques nécessaires, la préservation du tissu industriel, la modernisation de l'administration, l'examen du blocage de grands projets, le renforcement de l'inclusion financière, la bonne gouvernance... «L'action gouvernementale a l'ambition sincère et œuvre pour la durabilité des résultats attendus du train de réformes systémiques et holistiques que nous avons d'ores et déjà enclenché. Le corollaire de la durabilité, c'est l'appropriation de l'ensemble de processus par toutes les parties concernées. C'est pour cela que notre démarche, depuis le 11 octobre, a été celle de la participation et de la consultation. Nous allons continuer d'agir en concertation avec les forces vives de notre pays pour redresser le cap de notre économie. Et dans le même sens, le rétablissement de la confiance est et restera notre objectif principal. Mais là encore, le temps est malheureusement notre pire ennemi. Par conséquent, nous devons tous agir avec efficacité et agilité sans compromettre l'avenir de nos enfants, et c'est la preuve de l'audace et du courage et de la ténacité. Dans ce même cadre, nous allons actionner trois leviers : zéro interférence (nous ne sommes menés que par l'intérêt national), la transformation (par la production et la productivité), la protection des plus vulnérables (notamment en cas de crise)», souligne-t-elle. La Cheffe du gouvernement ajoute que la résolution du problème des finances publiques est le retour rapide à la croissance. Pour ce faire, tous les freins à la croissance seront démantelés et on a bel et bien actionné les procédures administratives pour cette fin. «Les réformes structurelles sont inéluctables et se feront en harmonie avec les partenaires sociaux pour préserver le pouvoir d'achat du citoyen, le capital public national et pour soutenir les plus vulnérables parmi nous, notamment en cette période de crise. L'inclusion sociale, économique et financière sera aussi un objectif primordial pour toutes les politiques. L'entreprise et la République ont une valeur commune, celle de liberté. C'est dans la liberté qu'elles peuvent exister et qu'elles vont s'épanouir durablement. Mais elles ont également les mêmes menaces et les mêmes risques, ceux liés à la gestion et à la gouvernance et donc la corruption», conclut-elle.