Londres et New Delhi ont franchi une étape décisive mardi 6 mai en concluant un accord de libre-échange après trois années de négociations marquées par de nombreux arrêts. Il s'agit, selon les observateurs, du plus important accord commercial signé par le Royaume-Uni depuis sa sortie de l'Union européenne, dans un contexte de tensions croissantes sur la scène commerciale mondiale, notamment après l'annonce du président américain Donald Trump d'une hausse des droits de douane sur plusieurs importations. L'accord vise à porter le volume des échanges commerciaux entre les deux pays à 25,5 milliards de livres sterling (environ 34 milliards de dollars) d'ici 2040, selon l'agence Reuters. Il prévoit une amélioration de l'accès aux marchés et une réduction significative des barrières tarifaires sur une large gamme de produits, incluant notamment le whisky, la viande d'agneau, le saumon, le chocolat et les biscuits. Des réductions tarifaires majeures Selon l'Agence France-Presse, l'accord prévoit la suppression de 85 % des droits de douane indiens sur les produits britanniques dans un délai de 10 ans. Un point particulièrement sensible des négociations portait sur les droits de douane sur les véhicules britanniques. Ceux-ci, initialement supérieurs à 100 %, seront progressivement réduits à 10 %, dans le cadre d'un quota d'importation dont les détails n'ont pas encore été révélés. Les produits alcoolisés, notamment le whisky et le gin britanniques, ont également été au cœur des discussions. Les taxes appliquées à ces boissons, qui s'élevaient à 150 %, seront réduites à 75 %, puis à 40 % sur une période de dix ans. Ces allègements devraient stimuler les exportations de whisky britannique de 1 milliard de livres sterling (environ 1,33 milliard de dollars) sur les cinq prochaines années, d'après Mark Kent, représentant de la Scotch Whisky Association. Cette dynamique commerciale devrait par ailleurs générer environ 1 200 emplois au Royaume-Uni dans le secteur. Malgré l'ampleur politique et stratégique de cet accord, son impact immédiat sur l'économie britannique demeure modeste. Selon les estimations du gouvernement britannique relayées par Reuters, l'accord devrait n'ajouter que 4,8 milliards de livres sterling (soit 6,4 milliards de dollars) au produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni, estimé à 2 800 milliards de livres sterling (près de 3 730 milliards de dollars). Une percée géoéconomique majeure Pour le Premier ministre britannique Keir Starmer, cet accord représente la plus grande percée commerciale du Royaume-Uni depuis le Brexit, en raison de l'ampleur du marché indien et des implications stratégiques de ce rapprochement avec l'une des plus grandes économies émergentes au monde. En parallèle, Londres poursuit ses discussions avec Washington dans l'objectif de faire abaisser les droits de douane américains, actuellement à 10 % sur la majorité des produits et 25 % sur les voitures et les métaux. Ainsi, l'accord entre le Royaume-Uni et l'Inde s'inscrit dans une dynamique de repositionnement commercial mondial du Royaume-Uni post-Brexit. S'il n'entraînera pas une croissance spectaculaire du PIB, il constitue une avancée stratégique significative, tant pour renforcer les exportations britanniques que pour réaffirmer la présence du pays sur l'échiquier économique international. Reste à voir comment cet accord influencera les relations commerciales du Royaume-Uni avec d'autres grandes puissances. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!