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Politiques publiques visant les médias: Diagnostic d'un secteur en crise
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 12 - 2021

En décembre 2019, le Snjt a organisé un premier atelier préparatoire du Congrès national sur les politiques publiques visant le secteur des médias. L'atelier sera suivi d'autres rencontres. La dernière a eu lieu avant-hier. Le diagnostic d'un secteur en crise y a été présenté ainsi que plusieurs recommandations pour dépasser une crise multiforme
Devant le désintérêt avéré des gouvernements successifs de ces dix dernières années quant à l'avenir des médias et les défis qu'ils traversent face notamment à la révolution numérique, le Syndicat national des journalistes tunisiens a décidé de prendre les choses en main. En décembre 2019, le Snjt a organisé un premier atelier préparatoire du congrès national sur les politiques publiques visant le secteur des médias. Au cours de cette réunion a émergé l'idée de lancer une étude exploratoire des représentations des journalistes des grandes lignes de ces politiques publiques en rapport avec leur domaine d'activité. Fin prête depuis quelques mois déjà, l'étude dirigée par le Professeur Sadok Hammami, chercheur et enseignant à l'Institut de presse, a été présentée avant-hier au cours d'une rencontre organisée par le Snjt et la Haica. La rencontre a incarné également une occasion pour que des chercheurs et des membres d'organisations et d'instances de professionnels s'expriment sur un sujet qui se révèle vital pour des médias publics traversant depuis plusieurs années de sérieuses zones de turbulences.
Désintérêt pour une institution nécessaire à la démocratie
Les crises et les difficultés à ce propos sont multiples. Elles vont de l'enseignement et de la formation des journalistes dans un nouveau contexte politique et technologique au financement des médias publics, à la nomination des directeurs de la télévision et de la radio nationales, à la mesure d'audience et à la distribution de la publicité. Elles se poursuivent avec la crise de la presse écrite, la dégradation du statut et de la situation socioéconomique des journalistes au profit du rôle joué par le chroniqueur, la régulation et l'autorégulation, la révolution digitale et l'intégration de ce nouvel écosystème...
Toutes ces problématiques ont été négligées par le pouvoir politique, qu'il soit d'ordre exécutif ou législatif. D'ailleurs au cours de cette dernière décennie, aucune campagne électorale des divers partis en lice pour les législatives ou la présidentielle n'a présenté une véritable vision concernant une institution aussi fondamentale pour les démocraties en construction que les médias.
Car c'est à cette institution, avec ses outils d'investigation et d'opinion, que revient la mission de contrôler et de surveiller tant le Parlement que la marche du pouvoir exécutif.
Pour Nouri Lejmi, président de la Haica, si cette initiative de prise en main d'une feuille de route pour les médias publics arrive relativement en retard, c'est parce que « le traumatisme de l'interventionnisme de l'Etat dans ce secteur avant 2011 était encore vivace dans les esprits », explique-t-il. D'un côté et selon NouriLejmi, les anciens réflexes d'un Etat autoritaire n'ont pas disparu : « A preuve la nomination unilatérale des directeurs des médias publics sans respecter la procédure de l'avis conforme, les tentatives de faire passer à l'ARP une loi remplaçant le décret- loi 116 totalement liberticide, œuvre de la Coalition El Karama, le blocage de la loi sur la presse écrite remplaçant le décret-loi 115. Le saupoudrage occasionnel, notamment à la suite de l'épidémie du Covid-19, quand les médias sont à bout de souffle, ne constitue pas une politique à long terme ».
Idées pour initier une presse de qualité
Mohamed Maâmri, journaliste et doctorant, a présenté une intervention intitulée : « Le passage des médias tunisiens du gouvernemental au public ». Le chercheur a noté que la télévision tunisienne a encaissé, en 2009, 18 millions de dinars comme entrées provenant de la publicité. Quelques années après et à la suite de l'élargissement du paysage audiovisuel à l'issue de la révolution de 2011, le revenu de la publicité sur la chaîne publique s'est réduit comme une peau de chagrin. Conséquences : les subventions de l'Etat servent désormais uniquement au paiement des salaires et non pas à la production des contenus.
« Il faudrait trouver d'autres modèles et sources de financement. Produire des podcasts par exemple », soutient Mohamed Maâmer.
Il recommande également d'impliquer le public dans les conseils de rédaction des médias publics et de nommer les responsables selon des contrats basés sur des objectifs.
« C'est ainsi qu'on pourrait mettre en place des contenus compétitifs sans subir la tyrannie de l'audimat, ni se départir de sa ligne éditoriale ».
De son côté, Mohamed Khalil Jelassi, notre confrère de La Presse et également chercheur et doctorant, a présenté une conférence sur « Les défis de la digitalisation ». Il y cite des chiffres et émet des observations sur un paysage médiatique à deux vitesses concernant la numérisation. 7 million et demi de Tunisiens sont connectés à Internet, soit 64% de la population totale. Il fait remarquer que si la plupart des médias classiques relaient leurs contenus sur des sites sans ajouter la moindre plus-value, d'autres plateformes ayant inventé de nouveaux modèles économiques et puisant dans un financement associatif, tels Inkyfada, Nawaat ou encore Al Khatiba, ont su exploiter toutes les possibilités du web pour produire un journalisme de qualité. Un journalisme de données, d'information, d'investigation où l'infographie est innovante et attractive et les angles de traitement des articles inédits et originaux. « C'est de « slow journalisme » ou d'un traitement prenant ses distances avec l'actualité et le bla-bla ambiant qu'il s'agit ici », souligne Mohamed Khalil Jelassi.
Le journaliste-chercheur constate à la fin de son intervention à quel point des résistances persistent dans les salles de rédaction des médias publics, notamment quant à la numérisation de tout le processus de travail des journalistes.
Si les journalistes se mobilisent aujourd'hui pour esquisser un projet d'une stratégie afin de renforcer le rôle et les compétences des médias publics, où évoluent le plus gros contingent de professionnels, c'est qu'une prise de conscience de la gravité du moment s'est fait sentir ces derniers temps. Les perspectives qui s'offrent à eux se limitent à deux choix : muer en s'adaptant aux nouvelles mutations ou disparaître.
Olfa Belhassine


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