L'article 54 de la loi électorale suscite des positions mitigées La publicité politique durant la campagne électorale a constitué un point de discorde lors de la discussion au sein de l'ANC de l'article 54 de la loi électorale. Comment la Haica et l'Isie vont-elles procéder afin de faire en sorte que les journaux de la presse écrite, les radios et les chaînes TV évitent de tomber sous la coupe de l'argent politique, de manière à favoriser dans leur couverture de la campagne électorale les partis les plus puissants sur le plan financier qui sont disposés à ouvrir largement les vannes ? Cette interrogation légitime a suscité un grand débat au sein de l'ANC entre les constituants soutenant l'article 54, interdisant toute publicité à caractère politique, et ceux qui n'y voient pas d'inconvénient. Finalement, l'article en question a été rejeté. Reste à savoir comment les parties prenantes, dont en particulier la Haica, le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), vont réagir. Du côté de la Haica, on apprend que les normes sur la base desquelles sera déterminée la distinction entre un produit audiovisuel ordinaire et un produit de publicité politique sont actuellement en cours d'élaboration. Une source auprès de la Haica confie à La Presse: «Les normes seront révélées au public après l'adoption par l'ANC de la loi électorale». Pour un accès équitable Alors que la composition du nouveau bureau exécutif du Snjt sera dévoilée aujourd'hui même, Néji Bghouri, l'élu en tête au sein de ce bureau et ancien président du syndicat, a réaffirmé le refus du corps syndical de la publicité politique. «C'est un moyen de pression sur les médias, qui favorise le parti qui dispose de plus d'argent», explique Néji Bghouri qui évoque les campagnes des élections de 2011 où, selon lui, l'on a remarqué l'importance de l'argent politique. «Dans les modèles démocratiques, on ne trouve pas de publicité politique, et ce, dans le souci d'assurer un accès équitable de tous les partis politiques aux médias. Autrement, celui qui dispose de plus de ressources financières sera le plus présent, ce qui favoriserait sa position auprès de l'opinion publique. Cependant, les journaux partisans existent pour faire ce genre de propagande, donc il faut garder la neutralité des médias et leur indépendance», a-t-il ajouté. Bghouri, qui est le mieux placé pour prendre la présidence du Syndicat national des journalistes tunisiens, considère que ce dossier sera le premier à être mis sur la table des discussions du nouveau bureau exécutif. De même, il indique que le syndicat discutera avec ses alliés, dont la société civile qui défend la liberté de presse et d'expression, en vue de mettre en place une stratégie visant à relever tous les défis des médias en matière de neutralité, d'équité et d'indépendance lors des élections. Sur un autre plan, le centre Carter, qui assure un suivi rigoureux de l'élaboration de la loi électorale depuis la discussion du projet au sein de la commission de législation générale, s'est invité au débat. Le Centre a, en effet, publié un communiqué dans lequel il recommande d'inclure dans le projet sur la loi électorale une série de mesures propres à garantir les droits de tous les acteurs intervenant dans l'opération électorale (électeurs, candidats et observateurs). Pour ce qui est de la publicité politique, le Centre appelle à sa «réglementation plutôt que son interdiction», le principe à respecter étant de garantir la liberté d'expression et de communication. Quant à la publication des sondages d'opinion, le centre penche également pour l'idée de la réglementation et s'oppose au principe de l'interdiction, pour lequel les constituants semblent favorables. Le Centre estime dans le même communiqué que les améliorations qu'il propose «serviront à mettre le projet de loi en concordance avec les obligations internationales en matière d'élections démocratiques et à faire de ce projet un modèle pour les autres démocraties en transition dans la région». Il reste, toutefois, à se demander quelles réponses apporteront les constituants aux critiques des uns et aux suggestions des autres. L'institution du Dialogue national qui vient de reprendre ses réunions sera-t-elle le dernier recours pour trancher cette affaire, comme ce fut le cas pour la Constitution ? L'article 54 La publicité politique est interdite dans tous les cas durant la période électorale. Il est permis aux journaux partisans de faire de la propagande électorale sous forme de publicité pour le compte du parti dont ils sont porte-parole et des candidats ou des listes de candidats au nom du parti uniquement.