Attachés à ce mode ancestral d'expression, ces plasticiens et calligraphes sont parmi les plus réputés et contribuent à l'évolution de cet art sous nos cieux et ailleurs. La galerie Alexandre-Roubtzoff de La Marsa abrite, jusqu'au 27 mars, l'exposition collective «Les cinq Calames» qui réunit des artistes de renom : Amor Jomni, Jacques Lombard, Noureddine Ouni, Samir Ben Gouia et Tarek Abid. Les artistes tunisiens et français y présentent leurs dernières œuvres qui s'inscrivent dans la ré-interprétation de la calligraphie arabe, considérée comme l'une des formes d'art les plus importantes dans le monde islamique depuis les origines. Un savoir-faire qui a gagné en audience dans la modernité grâce à l'arrivée de la poésie et des arts graphiques. Attachés à ce mode ancestral d'expression, ces plasticiens et calligraphes sont parmi les plus réputés et contribuent à l'essor et à l'évolution de cet art sous nos cieux et ailleurs. Designer-calligraphe, Amor Jomni a vu ses œuvres exposées dans plusieurs pays du monde et son talent récompensé par de nombreux prix nationaux et internationaux à Istanbul, Doha, Dubaï, Téhéran, Alger ou encore Rabat. Sa démarche s'inscrit dans la volonté de valoriser la calligraphie tunisienne et à distinguer le style tunisien et son esthétique des autres calligraphies arabes en vogue. Il nous propose à cette occasion 6 œuvres où la lettre sublimée épouse et se fond subtilement dans la matière. Elle est trace, trait et autres gouttes dégoulinantes. Avec l'artiste et universitaire Tarek Abid, qui nous présente 8 œuvres, l'écriture donne lieu à des abstractions édéniques, la lettre se confond avec une palette ocre et figure différents paysages-poèmes où la lumière se fait le souffle des mots et autres inscriptions calligraphiques. Noureddine Ouni opte pour une calligraphie en quasi all over, investissant ainsi presque tout l'espace pictural pour nous bercer le long d'une vague de lettres (dans une œuvre intitulée «Vagues»), pour réinterpréter picturalement des vers de poésie (dans Poésie2) ou encore s'inscrivant dans une démarque mystique (dans une œuvre intitulée «Dieu»). Le calligraphe français Jacques Lombard a été initié à la calligraphie arabe par le peintre et calligraphe irakien Hassan Massoudy. Ses recherches l'ont ensuite conduit à découvrir les textes ainsi que la culture arabo-musulmane. «J'aime à faire partager ce goût du trait et du mouvement. Dans ce présent, la calligraphie arabe dessine des mots d'amour avec élan et amplitude», écrit-il en parlant de son art. La lettre dessinée devient chez lui courbes ou cercles pour figurer un symbole ésotérique de la culture tunisienne ou pour conter des proverbes. Il rend hommage, dans deux de ses œuvres exposées, à deux grands poètes tunisiens, le grand Abou Kacem Echebbi et l'authentique Awled Ahmed. Le sculpteur Samir Ben Gouia met en espace et en relief la lettre. Il dompte le bois pour y modeler ses calligraphies sculptées. L'exposition est visible jusqu'au 27 mars. A voir.