Dernièrement, les événements se sont succédé si vite dans la région du Moyen-Orient et dans le monde arabe que l'on n'en revient pas encore. On passe d'un bras de fer cynique et tendu entre le Qatar et la Turquie d'une part, l'Arabie Saoudite, les EAU et l'Egypte d'autre part, à une réconciliation qui va encore plus loin. Les Emiratis qui se ruent vers la Turquie, ces derniers qui tendent la main pour signer des accords économiques estimés à 10 milliards de dollars, et finis ces conflits politiques en attendant de finaliser le rapprochement égypto-turc, qui traîne mais qui finira par se concrétiser. C'est pour vous dire combien les relations géopolitiques changent au gré des politiques, des contraintes économiques et surtout du jeu très complexe des intérêts pas seulement économiques. Le paysage en 2022 sera certainement très différent d'il y a deux ou trois ans : ces grandes nations économiques ont fini par trouver des zones d'entente, des compromis et des rapprochements économiques (d'ailleurs même en conflit, les échanges économiques ont grimpé) au lieu des tensions, des guerres où les médias obéissent aveuglément aux diktats des dirigeants. Cette mutation phénoménale change la donne dans certains pays et dossiers minés tels que la Libye où ces pays réconciliés ont donné des ordres à leurs serviteurs pour s'arranger et aller vers des élections et surtout vers un partage du pouvoir. Tout change sur la scène géopolitique, rien ne reste figé, c'est un raisonnement qui se base sur la lecture des intérêts et la consolidation des partenariats même en ayant des divergences. C'est cela le plus original dans la politique : il y a des affinités, des liens durables et profonds, du vécu entre des nations, et il y a avant cela des intérêts économiques en premier lieu qui permettent de gagner ensemble. C'est ce que plusieurs hommes politiques en Tunisie n'ont pas compris. Pendant des années, ils nous martelaient la tête par leurs propos et discours hostiles à des pays du Golfe, en jouant bien leur rôle de «représentants» de ces pays ici, mais maintenant ils ont dû se taire quand ils ont vu leurs pourvoyeurs se mettre d'accord. Pis, ils vantent ce rapprochement et ne critiquent plus tout accord que la Tunisie conclut avec l'un de ces pays du Golfe. Le plus grave, c'est que certains de nos politiques ont engagé le pays dans leur raisonnement court et superficiel en lui faisant rater tant d'opportunités d'investissement. Tout cela, parce qu'ils ne mettaient pas en avant l'intérêt de la Tunisie, mais leurs intérêts. Il sera urgent de réparer tout cela et de chercher à consolider les liens avec nos partenaires, mais aussi là où il y a intérêt économique. Sans rentrer dans une futile politique partisane dont l'échec se voit clairement dans le changement de décor géopolitique. Il faudra bien retenir les leçons de ce rapprochement des pays du Golfe.