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Lectures géopolitiques du printemps arabe
Transitions Arabes
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 06 - 2014

L'Association tunisienne d'études politiques (Atep) vient d'organiser, avec le soutien de la Fondation Hanns Seidel, sa IXe conférence autour du thème «Transitions arabes : lectures géopolitiques», et ce, au siège de la faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis. Une conférence qui propose une lecture géopolitique du Printemps arabe, trois ans après son déclenchement.
La première séance a commencé avec les allocutions d'ouverture du Professeur Mohamed Larbi Fadhel Moussa, membre élu de l'ANC et doyen de la faculté des Sciences juridiques politiques et sociales de Tunis et du Professeur Hatem M'rad, professeur en sciences politiques et directeur de l'Atep.
L'ex-ambassadeur et diplomate tunisien Ahmed Ounaies a tout d'abord rappelé le cadre des révolutions arabes et a mis en exergue les exigences posées par ces révolutions et qu'il ramène à trois facteurs : une exigence éthique dominante, une exigence démocratique axée sur la liberté et la légitimité populaire et une exigence existentielle fondée sur le bien-être et la dignité humaine.
En deuxième lieu, il a parlé de la nécessité, face à ces exigences, de la refondation de l'Etat, une promesse authentique qui s'est fait ressentir au lendemain des révolutions arabes. Il a dégagé, en outre, les facteurs fondamentaux y ayant contribué: principes nouveaux, valeurs nouvelles et institutions nouvelles. Mais aussi une démarche, une méthode de fonctionnement pour élaborer un consensus forcé et une conciliation arrachée au vu des trois exigences qu'il venait de mettre en exergue.
La dernière partie de son exposé a été consacrée à l'énumération et la présentation des acquis de la révolution tunisienne : sécurité de l'individu, statut de la femme, liberté de conscience, pluralisme, liberté de presse et principe du pouvoir.
Conflit libyen
Pour démontrer que le conflit libyen constitue une véritable menace à la paix dans la région arabe et en Afrique et même pour l'Europe, Son Excellence Slaheddine Jammali est remonté aux origines du conflit libyen, en levant le voile sur le complot américain, un programme préétabli depuis les événements du 11 septembre 2001, se basant sur les interventions étrangères, directes et indirectes, financières et armées, afin de préparer le terrain pour la cohabitation d'un islam politique modéré.
Mettant en exergue l'incapacité de la Ligue des Etats arabes à agir et à parvenir à un consensus, l'intervenant a mis l'accent sur les contradictions et les divergences de points de vue entre les pays arabes face à la crise libyenne ; soulignant le rôle machiavélique de la Turquie et sa politique dans la région avant et après les révolutions arabes.
L'intervenant a relevé les répercussions politiques et géostratégiques de la chute du régime de Kadhafi, une chute annonçant la dislocation de l'Etat en Libye, le danger de la libre circulation des armes, l'activisme djihadiste, et l'ascension du terrorisme international, un terrorisme plus puissant que l'Etat en Libye. Il a rappelé, enfin, l'évolution de la position de la Tunisie face au conflit libyen et l'importance de maintenir une politique neutre, dans une dynamique mouvante et sans cesse évolutive.
Le terrorisme, évolution et perspectives
M. Alaya Allani a construit sa communication autour de trois axes : les caractéristiques du terrorisme, les moyens de lutte contre le terrorisme et ses retombées sur la région Mena.
Après avoir rappelé la différence entre terrorisme et lutte des peuples pour l'autodétermination, l'intervenant a présenté les caractères du terrorisme, en mettant en exergue ses causes endogènes et exogènes.
L'intervenant a montré que l'ascension politique des partis religieux après les révolutions arabes et leur compromis avec cet Islam extrémiste et radical qu'ils ont encouragé, d'une manière ou d'une autre, a eu pour conséquence beaucoup de contradictions dans le monde arabe, surtout en Libye, en Tunisie et en Egypte (où les islamistes sont classés groupes terroristes aujourd'hui).
M. Alaya Allani avait, par ailleurs, souligné l'ampleur du phénomène terroriste dans le monde arabe, surtout après les révolutions, un terrorisme qui a progressé vers les villes, après avoir quitté les montagnes, un terrorisme qui devient dangereux et sanguinaire, un terrorisme qui a évolué pour recruter des combattants afin de les exporter vers la Syrie, un phénomène qui n'a pas épargné les pays occidentaux.
L'intervenant a proposé enfin des moyens pratiques de lutte contre le terrorisme, moyens qui peuvent avoir un trait particulier mais qui peuvent aussi avoir des traits communs, comme la coopération et l'entraide judiciaires entre les services de renseignements, la modernisation de l'appareillage logistique de poursuite des terroristes, l'édification de la bonne gouvernance, l'indépendance de la justice, l'amélioration du système éducatif, la réforme de l'espace religieux et l'initiation d'un large programme de réforme et de modernisation de la pensée religieuse.
Conflit syrien
L'intervenante a proposé une lecture géopolitique du conflit syrien, afin d'en comprendre les causes et en délimiter les conséquences sur les plans national, régional et international.
Après avoir rappelé le contexte et les faits saillants du déclenchement de la révolte populaire pacifique en Syrie, en prolongement de l'aspiration du peuple arabe pour la liberté et la dignité humaine. L'intervenante a essayé de montrer comment on est passé, en Syrie, d'un soulèvement populaire initié par les jeunes et qui a progressivement viré au drame à une guerre civile qui s'est rapidement régionalisée et qui s'est par la suite internationalisée, voire mondialisée, mettant face à face les plus grandes puissances du monde.
Pour se faire, Mme Hajer Gueldich a passé en revue la composition ethnique et religieuse de la Syrie, caractérisée par une minorité alaouite politiquement dominante, une majorité sunnite politiquement dominée et des minorités religieuses complètement marginalisées sur le plan politique, et elle a montré que les différentes batailles qui ont eu lieu dans les cinq grandes villes ont des racines communautaires et confessionnelles, cristallisant ainsi la rivalité sunnite/chiite et plongeant le pays dans une guerre civile qui s'est perpétuée depuis 2011. A cette rivalité ethnique et communautaire, poursuit l'intervenante, s'est greffé un autre affrontement entre modernistes et islamistes.
L'oratrice a souligné, en deuxième lieu, cette tendance à régionaliser le conflit syrien, un conflit qui prend d'autres dimensions avec l'ascension de plusieurs groupes rebelles combattant les loyalistes, parallèlement à l'Armée syrienne libre, appartenant à la mouvance islamique ou à la mouvance takfiriste (notamment Front Al Nosra et Etat islamique en Irak et au Levant) faisant de la Syrie une terre de djihad généralisé. Autant d'acteurs financés, soutenus et armés par les riches pays du Golfe (notamment l'Arabie Saoudite, le Qatar, le Koweït, les Emirats), la Turquie et certains pays occidentaux les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l'Australie, la Belgique et l'Allemagne).
Mme Hajer Gueldich a fini par évoquer la lourde facture humanitaire à payer : plus de 170.000 morts en Syrie depuis le début du conflit en 2011, sans compter les blessés et les disparus, l'usage de la torture et des traitements inhumains et dégradants, la situation tragique des millions de réfugiés et la destruction ou l'endommagement de tous les sites syriens classés patrimoine mondial à l'Unesco, le tout face à l'inertie et l'impuissance de la communauté internationale.
La Russie et le Printemps arabe
Après avoir rappelé le contexte de la politique étrangère russe dans le monde arabe et au Moyen-Orient depuis 1989, date de la chute de l'ex-URSS et la fin de la guerre froide, l'intervenant a observé que la Russie ne dispose pas d'intérêts directs dans la région et que les enjeux sont plus politiques et stratégiques, qu'économiques et financiers.
Il a souligné, par la suite, la cristallisation de la politique étrangère russe avec le président Poutine, au fur et à mesure de l'évolution de la situation en Tunisie, en Egypte, en Libye et en Syrie. La Russie ayant choisi de procéder par des choix définis et une démarche claire.
M. Vasily Kuznetsov a fini par qualifier la politique étrangère russe de cohérente et de conservatrice et ce, dans le but de préserver un contact ouvert avec tous les pays de la région. Pour y arriver, il est nécessaire, selon lui, pour la Russie et l'Union européenne, de s'unir et de faire pression sur les Etats-Unis et contre les solutions préconisées par les Américains, face à l'échec politique des pays soutenant les factions rebelles en Syrie et l'impuissance des Etats à trouver une issue.
L'Union européenne face au Printemps arabe
L'intervenant a commencé par évoquer les différents cadres institutionnels entre l'Union européenne et la rive sud de la Méditerranée. Il a rappelé le contexte évolutif dans les pays arabes, suite aux révolutions qui ont eu lieu dans certains d'entre eux. Il a, par ailleurs, souligné que les transformations conséquentes aux révolutions arabes n'avaient que faiblement affecté la politique de voisinage entre l'Union européenne et la rive sud de la Méditerranée.
M. Amine Thabet a, par la suite, souligné que rien dans les accords avec les pays arabes n'avait changé et qu'aucun accord n'a été suspendu (à part l'accord avec la Syrie), ce qui montre, selon l'auteur, qu'aucune remise en question de l'approche européenne n'a été faite, face à ce contexte géopolitique évolutif, même au niveau des sanctions qui ont été mises en œuvre, contradictoires surtout dans le contexte de la Syrie, de la Tunisie ou de l'Egypte, comparé à celui de la Libye (seul cas où il y eut recours au volet militaire).
M. Amine Thabet a fini par donner des explications à ces réponses faibles, insuffisantes et fragilisées, et qu'il a notamment regroupées en deux dilemmes : le premier confrontant la primauté accordée aux intérêts économiques, stratégiques et sécuritaires, d'une part, et une projection des valeurs de démocratie, d'Etat de droit et des droits humains, d'autre part. Le deuxième a trait à l'aspiration de l'UE vers l'idée d'une Europe-puissance tiraillée entre deux interprétations différentes de la puissance (puissance douce-soft power/ puissance dure-hard power), des dilemmes et des contradictions qui expliquent cette attitude de l'Europe face au Printemps arabe, une attitude qui permit à l'intervenant de conclure que l'UE est condamné à être un géant économique et un nain politique.
Le repositionnement de la politique étrangère américaine
L'intervenant a commencé par dégager le trait essentiel de la politique américaine dans le monde arabe, politique marquée par une réorientation allant d'une logique unilatéraliste vers une logique de nécessité et de normalisation.
L'intervenant a montré comment les Etats-Unis ont cherché à faire une relocalisation stratégique, suite aux mutations profondes qu'a connues le Moyen-Orient. Il a, par ailleurs, souligné que l'expérience américaine en Afghanistan et en Irak, qui s'est soldée par un échec, a été revue et corrigée suite au Printemps arabe, une politique qui s'est adaptée au cas par cas, en s'ajustant au contexte régional et international en cours. L'intervenant a fini par soulever le contraste entre un monde arabe qui se transforme assez rapidement et une politique américaine qui ne semble guère changer.


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