Les islamo-conservateurs et les nationalistes laïques sont deux modèles opposés de société, deux courants contradictoires et deux stratégies différentes disputent la Turquie sous l'œil rivé de Washington ; le modèle de la démocratie islamique soutenu par le parti de la justice et du développement (AKP) affiche sa solidarité panislamique, défend la cause palestinienne se rapproche du monde arabe, sans remettre en cause, pour autant, l'existence d'Israël ; alors que les opposants nationalistes laïques reprochent au gouvernement (AKP) sa volonté d'abolir la laïcité et les institutions kémalistes, de surcroit, ils craignent une alliance entre les islamo-conservateurs et les occidentaux visant la « dékémalisation » du pays au nom de la démocratisation, puisqu'ils estiment qu' une Turquie Kémaliste est une Turquie autoritaire. En effet, les occidentaux considèrent les « islamo- conservateurs » de l'AKP comme une solution de « juste milieu », un modèle pour les autres pays musulmans, devant les nationalistes-laïques et les islamistes radicaux. Alors que pour les Etats Unis, une Turquie ancrée dans le jeu occidental, pro-israélienne, tournée vers l'économie du marché est une priorité, une stratégique permanente pour toutes les administrations américaines, intégrer la Turquie dans l'union européenne, répond à un double objectif, d'un côté, l'élargissement de l'union européenne aux pays membres de l'OTAN, de l'autre, le contrôle de la voie des ressources en hydrocarbures d'Asie centrale et du Caucase. Cependant, Bruxelles conditionne l'adhésion d'Ankara à l'union européenne au démantèlement des structures Kémalistes autoritaires, à l'abolition de la peine de mort et à la suppression des délits d'opinion religieuse et des prérogatives civiles des tribunaux militaires. la divergence des intérêts entre Turcs et Américains, depuis l'invasion de l'Irak et la montée d'un sentiment antiaméricain dans la société Turque, porté par les partis d'extrême droite et une faction de l'état major « eurasistes », n'ont pas d'incidence visible sur les relations entre Washington et Ankara qui demeurent au beau fixe ; Cette situation hypocrite de témoignage complaisant est , pour les nationalistes turcs, un rideau de fumée cachant intelligemment un piège à loup tendu à l'envers, ils croient que leur pays est rongé à l'intérieur par les kurdes, les communistes, les arméniens, les chrétiens, les juifs et les islamistes, de l'extérieur, il est fragilisé par la Grèce, l'Arménie, mais aussi, par Israël, les Etats Unis et les Européens à travers leur soutien aux séparatistes kurdes, ils regardent avec méfiance la consolidation de l'autonomie kurde en Irak et y voient en filigrane les empreints d'une stratégie dont le but est l'indépendance d'un grand Kurdistan donc l'affaiblissement de la Turquie . ils proposent en échange, selon leur démarche politique, une « alliance de revers » avec la Russie, qui est, semble-t-il censé répondre favorablement, parce que cela lui permet, en toute tranquillité, le contrôle des approvisionnements énergétiques de l'Europe et la possibilité de rétablir des liens harmonieux avec les républiques Turcophones de l'ex-URSS d'Asie centrale , une « alliance de revers » permettra aussi à la Turquie de rejoindre l'espace « eurasien » doctrine géopolitique considérant, comme un continent à part entière, l'ensemble former par la Russie, l'Ukraine, l'Azerbaïdjan qui dispose d'une ouverture sur la mer caspienne et fait trait d'union entre la mer noire et l'Asie centrale, entre la Turquie et le Caucase, et enfin les anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale gardiennes des routes sud et ouest des hydrocarbures de Kazakhstan et du Turkménistan. Puis cette « alliance de revers », le cas échéant, peut montrer aux occidentaux qu'une alternative est toujours possible s'ils refusent à la Turquie d'intégrer la communauté européenne.