«11 mille migrants tunisiens irréguliers sont arrivés en Italie, depuis le début de l'année jusqu'au mois de septembre, contre près de 8 mille recensés au cours de la même période de l'année dernière», affirme le Forum tunisien des droits économiques La récente visite, en Tunisie, du ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Dio Maio, avait, certes, réveillé les vieux démons de la migration et ravivé la douleur de ses victimes dont notamment les familles des disparus en mer, il y a, maintenant, presque 10 dix ans. A cela s'ajoute, tout récemment, le décès suspect de Wissem Ben Abdellatif, jeune Tunisien de 26 ans originaire de Kebili, un mois après son arrivée en Sicile début octobre dernier. Un drame de trop qui aurait dû recentrer le débat sur une nouvelle politique migratoire dans la région euro-méditerranéenne. Une question d'actualité à plus d'un titre. Soit un fait de société aux contours si flous et complexes qu'il faut mettre sous les projecteurs. Constat Ce phénomène transnational pur et simple, il n'y a pas trente six mille façons de l'aborder. Une bonne volonté politique, doublée d'une sérieuse coopération Nord-Sud est de nature à rapprocher les vues et prendre les choses à bras-le-corps. Observateurs et acteurs sociaux nationaux y voient un défi auquel font face plusieurs pays dont la Tunisie. Pour eux, tous les efforts menés à cet effet avec l'Union européenne n'ont pas porté leurs fruits. Sauf que certaines conventions bilatérales sont assez figées et loin d'être respectées. L'Europe est-elle une partie du problème ? Sa politique en la matière est toujours remise en cause. Et les milliers de nos migrants noyés ou forcément rapatriés confirment éventuellement la thèse et ne peuvent, en aucun cas, l'infirmer. Le dernier rapport du Ftdes, Forum tunisien des droits économiques et sociaux, en est, alors, un témoin. Il a fait état d'un constat, sans doute, alarmant : «11 mille migrants tunisiens irréguliers arrivés en Italie, depuis le début de l'année jusqu'au mois de septembre, contre près de 8 mille recensés au cours de la même période de l'année dernière». Sans pour autant oublier le nombre de ceux disparus en mer, depuis 2012 dont personne ne connaît leur sort. En détresse, leurs familles n'ont cessé de réclamer justice et vérité. Rien n'a pu endiguer ce phénomène ni réprimer les trafiquants de la mort. Faute d'une vraie politique d'Etat, les passeurs font leur loi. D'où il est temps de changer de perception commune, à même d'encourager la migration légale, selon des mécanismes garantissant les droits des migrants. A quoi s'en tient, d'ailleurs, l'entretien Saïed-Di Maio. Message reçu ! Le message fut ainsi bien reçu. D'ailleurs, le chef de la diplomatie italienne semblait aussi compréhensif, soulignant que son pays était d'accord avec la Tunisie sur la nécessité de remédier aux causes profondes de la migration et de lutter contre les réseaux de trafic d'êtres humains. Car, «les politiques traditionnelles de gestion du phénomène de migration clandestine ont prouvé leurs limites», révèle le Président Kaïs Saïed. Mais, cela n'est, en fait, qu'un secret de Polichinelle. La crise de la migration ne date pas d'hier. L'Europe ne l'a jamais traitée d'une manière rationnelle. Elle voudrait faire de nous les garde-côtes de ses frontières. Ceci étant, la Tunisie reste, selon elle, un pays de transit. Une porte d'entrée à ses territoires, en quelque sorte. L'Italie, comme toute l'Europe, va-t-elle, désormais, revoir sa copie ? Selon les déclarations de son ministre Di Maio, tout serait possible pour résoudre ce problème. Pourvu qu'il soit à la hauteur de ses propos. Le Conseil européen sollicité Pas mal de fois, le partenariat pour la mobilité des personnes dans l'espace européen «Shengen» sonna comme une recommandation insistante, voire une mesure d'envergure. Autant dire, la suppression du visa et l'allégement des procédures d'accès sont d'une importance capitale et mutuellement bénéfique. Comment ? La libre circulation de nos citoyens fait que la migration n'est plus un acte illégal, d'autant qu'elle rend les frontières des deux côtés beaucoup plus en sécurité. Et là, tout traitement policier est loin d'être l'unique solution. Un accord dans ce sens semble aussi de mise. L'on compte, ici, sur l'appui du Conseil de l'Europe, une instance plus large de l'UE, puisqu'elle englobe même des pays non européens. D'autant plus que ses relations avec la Tunisie sont qualifiées de privilégiées.