Des braises incandescentes et ardentes des «horouf» (lettres) réduites en cendres, puis purifiées par la limpidité et la transparence de l'eau, les lettres vagabondent sans but précis, en survolant par monts et par vaux des océans de plus en plus lointains et ne trouvent le havre de paix qu'au moment de l'éclipse «kosouf» Après l'univers globulaire et l'espace sidéral dans lesquels évolue Amel Zaâïm aux couleurs de l'arc-en-ciel, de la passion et, depuis peu, de la dévotion, l'artiste nous revient, le temps d'une exposition à Bir Lahjar, qui a démarré le 10 août et qui se poursuivra jusqu'au 10 septembre dans un halo de spiritualité, de ferveur religieuse et d'intense piété particulièrement en ce mois saint de Ramadan où le sentiment religieux prédomine. Rien d'étonnant dans le choix et l'orientation suivis par l'artiste qui a su emprunter à la figuration la puissante et la magie de l'alphabet arabe, énuméré selon un ordre conventionnel, celui de la sainte appellation des 99 noms de Dieu. Amel Zaâïm, dont les initiales sont aux extrémités de l'alphabet latin, délimitant ainsi les contours de l'univers, est une voyageuse invétérée, une âme errante à la recherche d'un port d'attache où elle jetterait l'ancre, enfin affranchie et libérée des «chaînes et des entraves» (titre d'une ancienne exposition) qui freinent son élan et ses mouvements. Donc, c'est à une nouvelle vision du monde que nous sommes aujourd'hui confrontés. C'en est fini avec le thème sidéral du temps, de l'horoscope ou du zodiaque, de la carte du ciel, tel qu'il est observé à partir de la Terre, des influences des signes, des interférences ou phénomènes des astres, ces corps célestes supposés agir sur les hommes et, enfin, des répercussions des saisons sur le cycle reproductif des espèces vivantes. Avec 33 toiles, chacune symbolisant une triade de trois noms divins, peintes directement sur des peaux de mouton, l'artiste, après avoir traité et tanné le cuir et après lui avoir donné des formes et des couleurs originales, a fait preuve de beaucoup d'imagination dans l'art de calligraphier, avec beaucoup de fantaisie, les lettres ou horouf. La maîtrise des couleurs, les délicates sensations produites sur le regard par les radiations de la lumière, telles qu'elles sont observées et réfléchies par la palette riche en tons et degrés de saturation et en intensité chromatique et lumineuse nous laissent perplexes et avides de redécouvrir une artiste originale dans sa démarche et qui croit aux intrusions du métaphysique dans la rigueur glacée du concept. L'exposition «Spiritualité» de Amel Zaâïm se poursuivra au Centre culturel Bir Lahjar jusqu'au 10 septembre 2010.