Lundi dernier, la ministre de la Culture Mme Sonia Mbarek, a rendu hommage à deux des pionniers du cinéma tunisien «Le cinéma tunisien fête ses cinquante ans. Sa genèse revient, à mon avis, à la bataille de Bizerte. En ces temps-là, le journal Actualités Tunisiennes, chapeauté par André Bessis, avait vendu des photos exclusives à l'Angleterre, chose qui avait irrité le Leader Habib Bourguiba. Le 5 juin 1965, un CMR avait été tenu pour réfléchir sur l'avenir de l'image en Tunisie, de la photo et du cinéma. Il a été donc décidé d'instaurer l'industrie cinématographique tunisienne. Chedly Klibi avait appelé les cinéastes à proposer des projets. Et le premier projet appuyé et financé par l'Etat fut le mien : le film Al Fajr». C'est en ces termes que le grand réalisateur et historien Omar Khelifi s'est adressé à l'assistance, lors de la cérémonie organisé, avant-hier, à la Maison de la culture Ibn-Rachiq, en son honneur. Tenant dans ses bras le prix d'hommage et le bouquet de feurs qui lui ont été remis par Mme Sonia M'barek, ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, ce pionnier du cinéma tunisien et cet historien engagé dans l'immortalisation de l'Indépendance ne dispose dans son répertoire cinématographique et littéraire que d'une poignée de livres de référence et cinq films : Al Fajr (1966), Al Motamarred (1968), El Fallagua (1970), Souhaib (1972) et Al Tahaddi (1984). Cependant, ces quelques œuvres constituent les premiers pas d'un cinéma distingué, reconnu comme tel aussi bien à l'échelle nationale, arabe, africaine et internationale. Debout sur le podium de l'amphithéâtre, le sourire aux lèvres, il est accompagné de son compagnon de route, d'un ami de longue date, M. Habib Chaâri, à qui la ministre a rendu également hommage. Habib Chaâri a été l'acteur principal du film Al Fajr. «Je suis un homme de théâtre, rappelle-t-il à un public plutôt jeune. Mon répertoire compte quatre films et une bonne soixante-dizaine de pièces de théâtre. Et merci de m'avoir rendu hommage». Il énonce ce bref discours, humblement, avant de reprendre sa place parmi le public. L'artiste : le moteur du développement social Prenant la parole, en tant que ministre de la Culture, mais aussi en tant qu'artiste, Mme Sonia M'barek rappelle le rôle de l'artiste dans le développement de notre société. «L'artiste est le moteur du développement social», affirme-t-elle. Elle salue la précieuse contribution des deux artistes qui, selon ses propos, ont gravé l'Histoire de la Tunisie via leurs chefs-d'œuvre. «Aujourd'hui, souligne-t-elle, nous avons tous des questionnements sur l'avenir et des convictions en l'impératif d'asseoir les jalons d'un nouveau projet social et culturel. Le rôle de l'artiste est crucial vu qu'il est capable d'anticiper l'avenir. Aussi, comptons-nous plus que jamais sur l'échange que l'on veut fructueux entre les générations». Notre confrère Hatem Bourial, qui a pris soin d'animer la cérémonie, se souvient du jour où il avait assisté à la projection du film Al Fajr. «J'étais excité à l'idée de voir un film de chez nous. Je me souviens qu'on était très nombreux à faire la queue devant le guichet. C'était un moment inoubliable», indique-t-il ému. La cérémonie a été couronnée par la diffusion dudit film. La genèse du cinéma tunisien refait surface sur le grand écran. Les images vieillies, le dialecte soutenu et la jeunesse de M. Habib Chaâri en disent long sur la fraîcheur d'une industrie cinématographique qui faisait ses tout premiers pas...