Une note positive a été enregistrée pour les journalistes qui ont couvert les événements de Ben Guerdane durant la période s'étalant du 7 au 31 mars Le deuxième rapport de l'Observatoire des déontologies de l'information du Snjt, relatif aux mois de février et mars 2016, a enregistré 1997 dérapages contre 2067 durant décembre 2015 et janvier 2016. Selon ce rapport, qui a été publié hier, 1903 dérapages concernent le traitement médiatique des événements terroristes, alors que 87 sont relatifs aux messages de haine. La publication de termes utilisés par les groupes terroristes eux-mêmes a été sujet de 1640 dérapages et cela est dû à la reprise de dépêches intégrales d'agences de presse occidentales dont les références sont différentes que les nôtres, notamment en matière de conflits. Et dans ce sens, les quotidiens édités en langue arabe ont commis le moins de dérapages, 233 sur les 1724 commis par les journaux papier, alors que les journaux électroniques en ont commis 133 et les portails des radios et télévisions 46. Les dérapages enregistrés pour les journaux hebdomadaires ont été les moindres, 31 fautes. Par rapport au premier rapport de l'observatoire , celui des mois de décembre 2015 et janvier 2016, il y a une amélioration qualitative quant à la pratique journalistique lors de la couverture de l'opération de Ben Guerdane, notamment pour les journalistes qui étaient sur terrain, a indiqué le président de l'observatoire, Mannoubi Marrouki, qui est professeur universitaire de journalisme et ancien rédacteur en chef du quotidien La Presse de Tunisie. Et d'expliquer : «Ils étaient excellents et ont démontré un niveau de professionnalisme certain. Au cours du mois de février, nous avons relevé environ mille deux cents fautes, alors que depuis le 7 mars jusqu'au 31 du même mois, on n'a relevé que 660 dérapages dont 80% sont dus à l'utilisation de dépêches d'agences internationales telles quelles. C'est une reprise intégrale des dépêches avec leur terminologie. Et c'est une grosse erreur commise surtout par nos quotidiens édités en langue française. Il faut absolument traiter les dépêches, car certains qualificatifs et autres ne vont pas avec notre perception ni culturelle ni historique. C'est l'exemple d'une dépêche qui traite un militant palestinien, un combattant de la liberté, de terroriste! C'est une agression du lecteur et pour cela, d'ailleurs, nous avons effectué une étude, dans notre rapport, autour de la relation des médias avec le public. C'est que chercher le buzz ou faire du remplissage n'est pas informer le public». Marrouki a ajouté : «Pour ce qui est du service public, que soit presse écrite ou audiovisuel, censé être la locomotive des médias, on est encore très loin du niveau escompté, en dépit des efforts fournis». Les journaux papiers en tête! Selon le rapport, les journalistes qui étaient sur terrain ont bien assimilé l'importance de garder discrètes certaines informations quand les opérations de lutte contre certains groupes terroristes sont en cours. Quant aux messages de haine, on a enregistré 87 dérapages dont 46 commis par les journaux papiers, 39 par les journaux électroniques et deux autres par des portails de radios et télévisions. Globalement, les dérapages en matière de couverture ont été enregistrés principalement dans des articles d'information, 54,81%, des titres, 28,38% et des photos, 11,93%. Pour ce qui est des messages de haine, ils ont été diffusés dans des articles d'opinion, billets et analyses, 51,72%, des articles d'information, 27,59%, des titres, 18,3%, et dans des éditoriaux, 2,3%. Le président de l'observatoire a appelé les journalistes à éviter la banalisation du terrorisme et a estimé que l'unification des sources officielles d'informations sera un atout pour mieux informer, alors que, d'après lui, l'auto-régulation reste la clé d'un bon travail journalistique. Une charte des bonnes pratiques journalistiques a été élaborée dernièrement avec la participation d'une vingtaine de rédacteurs en chef, et ce, avec l'apport du Centre Africain de Perfectionnement des Journalistes et des Communicateurs (Capjc), a remarqué Mannoubi Marrouki, qui a appelé les journalistes à étoffer cette charte. Par ailleurs, l'observatoire, épaulé par le portail d'investigation journalistique «Nawet», est en train de préparer des spots de sensibilisation autour des meilleures pratiques journalistiques en matière de couverture des affaires en relation avec le terrorisme. Une approche participative est adoptée dans ce travail pour impliquer davantage le public.