Les images diffusées sur les réseaux sociaux étaient spectaculaires. L'incendie était visible depuis plusieurs quartiers du Grand Tunis, même de la banlieue nord. Mais heureusement, plus de peur que de mal, l'incendie, qui s'est déclaré au Jebel Boukornine au niveau de Borj Cédria, a été finalement maîtrisé hier après plusieurs heures de lutte conduite par les unités de la protection civile, des gardes-forestiers et de l'armée nationale. La catastrophe a pu être évitée grâce au courage des différentes équipes qui ont été mobilisées pour lutter contre le feu tout près des zones d'habitation. L'incendie était tellement dense qu'un nuage de fumée avait couvert le ciel de Tunis. Si les causes de l'incendie sont tou- jours inconnues, le ministère public a décidé d'ouvrir une enquête pour revenir sur ses origines. C'est le porte- parole du gouvernement et ministre de l'Emploi, Nasreddine Nsibi, qui a fait l'annonce, estimant que l'enquête était nécessaire après les déflagrations entendues au mont Boukornine. Mais, selon les premiers éléments, ces déflagrations seraient dues à l'explosion de munitions ou de vieilles bobines de films. S'agit-il d'un incendie criminel ? Nul ne le sait encore, mais selon le porte- parole de la protection civile, Moez Triaâ, il est difficile de dire que les causes de cet incendie seraient uniquement d'origine naturelle. «Pour le moment, on ne peut rien confirmer, mais selon les premiers éléments de l'enquête, il est difficile d'évoquer des causes naturelles», a-t-il précisé. Des sources sécuritaires ont également confirmé cette version, expliquant que les premiers éléments de l'enquête n'écartent pas la piste criminelle derrière cet incendie. En revanche, ce que nous savons pertinemment, c'est que cet incendie a déjà causé des dégâts au niveau des zones forestières. En effet, plusieurs hectares de forêt ont été détruits par les feux, mais heureusement que les zones d'habitation étaient épargnées grâce à l'intervention rapide des hélicoptères de l'armée. D'ailleurs, dans un communiqué rendu public, le ministère de la Défense nationale a annoncé que 40 vols ont été effectués par l'armée de l'air avec deux hélicoptères et un avion Hercules C130 en vue de maîtriser l'incendie qui a ravagé Jebel Boukornine. Le ministère a, dans le même sens, rassuré les citoyens, indiquant qu'environ 90% de l'incendie ont été maîtrisés, hier à midi, et ce, grâce aux efforts déployés par les unités de la protection civile, les gardes-forestiers et des soldats. L'Algérie vole au secours de la Tunisie Ce qui a marqué également cette lutte contre l'incendie n'est autre que la solidarité entre la Tunisie et l'Algérie. Ce pays voisin a, en effet, décidé d'envoyer à travers le poste frontalier de Melloula, dans le gouvernorat de Jendouba, 31 camions de pompiers et 85 agents de la protection civile algérienne pour soutenir les efforts de l'Office national de la protection civile tunisienne dans les opérations d'extinction des feux au Jebel Boukornine. Le premier délégué du gouvernorat de Jendouba, Taïeb Dridi a indiqué, dans ce sens, que les équipements ont traversé les frontières sous les ordres du Président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune, pour appuyer les efforts des parties tunisiennes. Cela n'a pas empêché une reprise des feux hier au matin, dans certaines zones provoquée surtout par des rafales de vent. Une situation qui a compliqué davantage les efforts des équipes dépêchées sur les lieux, mais l'incendie était presque totalement maîtrisé quelques heures plus tard. Une piste criminelle ? L'été dernier, plusieurs incendies se sont déclarés dans de nombreux endroits presque simultanément. D'ailleurs, le Président de la République évoquait un plan visant à mettre le feu au pays. Ces incendies avaient éclaté dans différentes régions de la République, suscitant de nombreuses interrogations autour de la situation sécuritaire dans le pays. L'incendie du Jebel Boukornine pose également plusieurs interrogations, même pour les parties sécuritaires. Le secrétaire général-adjoint du syndicat général des Forces de sécurité intérieure, Moëz Debbabi, soupçonne, en effet, une piste criminelle derrière cet incendie. Pour lui, les premiers élé- ments de l'enquête écartent une origine naturelle qui serait derrière le déclen- chement des feux dans cette zone.