Il y a une grande injustice fiscale à l'égard des entreprises, due à la rigidité du système «La Tunisie est la championne des pays africains en ce qui concerne la pression fiscale», lance Hichem Elloumi, vice-président de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat, lors de la table ronde organisée, le 23 avril, sur la fiscalité en Tunisie. Il ajoute qu'il y a une grande manipulation quant à la contribution du secteur privé à l'impôt national, pointant du doigt plusieurs critiques contre les entreprises tunisiennes les accusant d'évasion fiscale et d'exagération quant à la contribution des salariés par le biais de l'impôt sur le revenu. «Les impôts directs représentent 44% des recettes fiscales. 50% de ces recettes proviennent de l'impôt sur les entreprises, explique-t-il, soutenant que la fiscalité est un moteur de l'investissement». Injustice Pour Taoufik Laâribi, président de la commission fiscalité et membre du bureau exécutif de l'Utica, il y a une grande injustice fiscale à l'égard des entreprises, due à la rigidité du système fiscal. «En tant qu'Utica, nous avons appelé nos adhérents à accomplir le devoir fiscal, qui est un devoir national. Nous demandons la simplification de la fiscalité et l'instauration d'un système de contrôle qui réconcilie les droits avec les devoirs pour éviter les dépassements», indique-t-il. A ce niveau, il affirme que l'institution du rapporteur fiscal, qui a été déclarée, ces dernières années, n'a pas été encore mise en place, afin de permettre d'assainir la relation entre les institutions de contrôle fiscal et les contribuables en termes de litiges. D'ailleurs, M. Laâribi s'interroge sur la transparence de l'administration tunisienne, affirmant qu'il y a des lacunes au niveau du système fiscal. Obstacles Ces lacunes constituent une des raisons de prolifération du secteur informel, selon l'expert Lotfi Ayadi, focalisant sur le commerce transfrontalier informel, défini par le flux des biens non reportés ou non reportés par les autorités douanières. Il indique qu'il y a deux raisons pour sa prolifération : la différence des prix entre les pays voisins, augmentant la pression fiscale, et les interdictions et obstacles à l'importation. Ces obstacles concernent la prohibition et le contrôle technique non justifié, les tracasseries administratives, les normes prohibitives et les complexités du système d'homologation. Ajoutons à cela l'excès de zèle dans les contrôles et les longs délais de dédouanement. M. Ayadi indique qu'il est difficile de cerner l'informel, puisqu'il n'existe pas des statistiques justes. «Si on l'estime à 50% de l'économie, l'augmentation de l'impôt signifierait une plus grande pression sur le secteur formel», affirme-t-il.