A une époque marquée par la surconsommation et l'augmentation du taux de production de déchets, les barbéchas sont des acteurs très importants dans le processus de recyclage des déchets dans toute la Tunisie. Ils contribuent indirectement au recyclage des matériaux en collectant et revendant aux industries de recyclage le plastique, le fer, l'aluminium ainsi que les vêtements et d'autres déchets. En effet, il y aurait en Tunisie près de 8.000 barbech qui contribuent activement à l'activité du recyclage du plastique issu des ordures ménagères. Ces acteurs récupèrent à eux seuls près de 67% du plastique recyclé dans les décharges. Les barbéchas représentent les acteurs les plus actifs dans le recyclage du plastique, l'impact de leur action demeure limité et en dessous des besoins réels du pays. Mais, malgré leur activité majeure, ces barbéchas et une poignée d'entreprises de recyclage ne sont pas suffisants ni efficaces pour lutter contre le problème des déchets qui menacent l'ensemble des secteurs vitaux dont l'économie, l'agriculture, la santé et le tourisme. D'un autre côté, ce secteur souffre d'un manque de structuration et d'organisation. En effet, les barbéscha, les éboueurs et le personnel chargé du traitement des déchets dans les décharges sont considérés comme une communauté marginalisée et invisibilisée. Ils ne bénéficient d'aucune reconnaissance légale de leur métier, ils souffrent incontestablement d'une grande vulnérabilité et n'ont donc pas de sécurité sociale ni de protection en cas d'accident lié à leur activité. Ils sont souvent victimes de maladies graves, du VIH, d'épidémies, etc. Cette conséquence est inévitable face à des autorités publiques qui ne contrôlent pas les déchets et qui n'effectuent aucun suivi des organismes polluants. Dans l'état actuel des choses, les barbéchas souffrent énormément de la précarité, des dangers sanitaires et de l'absence de couverture médicale. Il existe même des diplômés qui font ce travail faute de trouver mieux dans un pays où les perspectives professionnelles sont très limitées. A cet égard, en l'absence d'une réelle culture écologique chez la population et d'une sensibilisation efficace, ainsi que des lois strictes et des sanctions pénales contre les pollueurs, aucune stratégie publique n'a de réelles chances de réussir à changer la réalité environnementale en Tunisie. Aussi, il est primordial que l'Etat choisisse de modifier sa stratégie en matière de gestion des déchets et d'opter pour une vision plus stratégique et sur le long terme qui serait capable d'impliquer le citoyen tunisien qui dénonce de plus en plus le problème de pollution par les déchets dont il est lui-même le premier responsable.