Une prise de conscience semble s'être créée dans l'effectif et cela se retranscrit sur le terrain. Laudateurs comme détracteurs du CA s'accordent à dire que le club de Bab Jedid est un monument sacré du football Tunisien. Et à club hors normes, organisation hors normes (sic!) Le Club Africain est, en effet, construit selon une colonne vertébrale authentique. Au sein de cette structure originale, le public se taille la part du lion. Plus qu'une dictature du prolétariat, c'est le «Cops» qui impose sa loi, adopte tel élément, récuse tel argument ou dévoile ses penchants pas toujours en adéquation avec les exigences du moment. Bref, davantage qu'un club, l'association de 1920 est dans les faubourgs tunisois une véritable religion. Objet de culte, cette institution est également soumise aux attentes colossales de ses supporteurs, qui sont loin d'être de crédules fidèles. L'écurie clubiste est toujours attendue au tournant, et pour satisfaire les promesses suscitées, il faut toujours décrocher la lune ou, du moins, le prétendre ! Car cette pression normative des fans, cette impulsion qui a broyé tant de joueurs et d'entraîneurs, accentuée de fait par un emballement médiatique récurrent, a souvent handicapé le club plus qu'elle ne l'a servi. Public, obligations de résultats, mais aussi cette passion en héritage qui se transforme en bizutage permanent pour l'ensemble du groupe de joueurs. Bienvenue au Club Africain ! Configuration novatrice Maintenant que les jeux sont pratiquement faits, il s'agit de retenir la leçon car la nouvelle saison débute dans trois mois. Si le CA a encore la possibilité de faire carton plein pour ce qui reste de ce championnat, et par la même accrocher la quatrième place, il doit forcément rester humble, mesuré et ne pas s'enflammer. Auteurs d'une saison plus que poussive, les Clubistes semblent avoir trouvé depuis peu leur rythme de croisière. Si leurs prestations sont encore loin d'être irréprochables, les joueurs de Rudolph Krol ont néanmoins réussi à enchaîner deux victoires consécutives pour la première fois de la saison. Ces deux succès leur ont permis de se donner un peu d'air, prenant de la hauteur, mais également de maintenir un écart par rapport au magma du classement. Volet individuel, trois recrues de l'exercice en cours donnent actuellement raison à la cellule technique chargée des transferts. Kader Oueslati, l'homme par qui est venue la lumière face à Gafsa et Gabès, apporte de la fluidité au jeu des siens. Quant au jeune Diarra, ex-pensionnaire du Tout-Puissant Mazembe, il semble avoir trouvé ses marques. C'est ce qui lui a permis, sur son but, de revenir sur son pied droit pour placer une frappe décisive. Puis, l'entrée déterminante de Srarfi en seconde période a fait le reste. Tonique dans ses déplacements, il apporte du mouvement et de l'ardeur aux amorces clubistes. Avant de fouler l'atypique pelouse de La Marsa cet après-midi, le CA semble aller beaucoup mieux. Retour de convalescence ou guérison ? Nous le saurons assez tôt, quoique ce ne soit pas du tout cuit en banlieue nord. Quant au technicien batave, sa patte serait-elle en train de faire son effet ? Si la qualité de jeu prônée par ses soins ne fait pas encore l'unanimité, on ne peut pas en dire autant de la mentalité insufflée par le coach à ses joueurs. Une prise de conscience semble s'être créée dans l'effectif et cela se retranscrit sur le terrain. Ruud Krol sait toutefois que son équipe n'a pas le droit de se relâcher après avoir grillé ses jokers!