La Ligue des Etats arabes a-t-elle vraiment aujourd'hui un poids et une signification dans l'actuel contexte géopolitique international ? Cela fait des années que cette structure perd en crédibilité et en efficacité dans les questions et crises qui touchent les pays arabes. Elle n'a plus l'envergure, ni d'ailleurs la conception, des années 50, 60 et 70 quand elle avait un certain poids et des moyens de pression sur fond d'unité entre les pays membres. Aujourd'hui, les pays arabes ont changé de politique, de direction diplomatique, d'alliances et de clans. Chacun y va selon ses intérêts économiques et politiques, ce qui a entraîné des divisions claires entre certains pay. Des questions brûlantes telles que celle palestinienne, celle de la solidarité entre pays membres ne font plus l'unanimité. Quelques pays ont choisi de normaliser leurs relations avec l'Etat hébreu, d'autres non. Les dossiers de la Syrie, du Yémen, de la Libye, du conflit Maroc-Algérie témoignent de la stérilité des outils et des politiques de la Ligue arabe, qui demeure plus une structure symbolique que moderne et active. La Ligue arabe, faute de poids diplomatique, doit changer de conception pour favoriser plus les intérêts économiques et la recherche de solutions communes et des négociations collectives avec d'autres rassemblements régionaux. Au lieu de vivre encore dans l'illusion d'une convergence arabe qui n'aura plus lieu, il serait plus adéquat de réfléchir à moderniser les approches économiques et sociales dans un monde arabe qui foisonne de potentiels et de problèmes en même temps. Le monde est en train de changer en ce moment : les blocs se reconstituent en faveur de rassemblements à intérêts économiques d'abord. Aux pays arabes d'en profiter dans une action collective qui garantit une entente minimale entre eux. C'est que la Ligue arabe, en son état actuel, n'est plus capable de résoudre les problèmes urgents tels que les conflits, les crises économiques, alimentaires et énergétiques de maints pays arabes. Regarder réalité en face et admettre son incapacité à rivaliser avec les nouveaux rassemblements et les alliances qui se dessinent au gré des événements est le moins que puisse faire la Ligue des Etats arabes pour éviter de sombrer encore dans l'anonymat et pour atténuer la rupture avec les populations arabes qui réfléchissent et agissent autrement.