Par Alya HAMZA Il vient de loin, le génial stratège, le brillant tacticien qui inspira tous les généraux de toutes les guerres mondiales, et que l'on enseigne dans les écoles militaires américaines. Il revient en fait, car enfant il jouait dans les rues de Carthage, avant de parcourir le monde et de franchir les Alpes avec ses cohortes d'éléphants, selon l'image qu'en ont retenu l'Histoire et la légende. Cet Hannibal-là est l'œuvre d'un sculpteur anonyme du 16e siècle, découvert au 18e siècle à Mantoue, et installé depuis au Quirinal, à Rome, juste revanche de ce Carthaginois. La présidence italienne l'a prêté à la présidence tunisienne dont le très actif et efficace service culturel a organisé, en un tour de main, un évènement-hommage. Le buste présenté dans une galerie éphémère l'était en compagnie de deux stèles et d'une cuirasse. C'était peu, mais cela a donné l'occasion à tout un aréopage d'intellectuels, d'universitaires, de journalistes et d'artistes, de renouer avec l'hospitalité oubliée du Palais de Carthage. Un palais qui retrouvait son lustre, sa tradition d'accueil, son décorum de simplicité et de bon goût, son protocole « soft », et la convivialité de l'hôte des lieux, Si Béji Caïd Essebsi, qui avait tenu à venir saluer les invités d'Hannibal, en leur assurant qu'ils étaient chez eux chez lui. Hannibal donc était le maître de cérémonie, ou plutôt les spécialistes en la matière, le professeur Fantar à la science abyssale, pour qui rien de ce qui est punique n'est étranger, et le professeur Rahmouni, plus concis peut-être, mais tout aussi passionnant. On évoqua donc la vie et l'histoire du grand Hannibal, l'homme qu'il était, et dont tous les aspects ne sont pas toujours éclaircis, et enfin la trace et la mémoire : que reste-t-il aujourd'hui de ce génial général ? Il faut croire qu'il en reste beaucoup, car quand on passa aux questions du public, cela donna lieu à un véritable déferlement, non pas de questions, mais de discours et digressions, chacun portant en soi ce mythe grandiose, et souhaitant en retrouver l'écho et la trace. Nous, en observateur toujours un peu critique, nous nous posons une question : pourquoi n'y a-t-il pas, à Carthage, une avenue ou un boulevard portant le nom de celui que le monde entier connaît et admire ? Et nous offrons le dernier mot au président du club Hannibal — oui, il existe — qui rappelait cette phrase attribuée au célèbre général sur le point de traverser les Alpes : « Nous trouverons un chemin, et s'il n'existe pas, nous en tracerons un » Quelle plus belle manière de dire qu'à cœur vaillant, rien d'impossible.