Les Gabésiens ont bien négocié l'un des derniers virages les plus difficiles de leur parcours en championnat. Ce qui leur permet de respirer. Les trois points du succès remporté devant le ST au Bardo même sont, à coup sûr, le résultat le plus précieux obtenu par le coach Lassaâd Dridi en championnat depuis qu'il a été appelé à la rescousse des Gabésiens. Ils hissent la «Stayda» à la neuvième place du classement avec 27 points en compagnie de l'ASM et du CSHL et l'éloignent de la zone dangereuse même si rien n'est encore joué et la menace de relégation n'est pas, mathématiquement, définitivement écartée. En professionnel, Lassaâd Dridi n'a pas caché sa joie devant l'immense exploit de ses protégés, même si, par respect compréhensible pour la famille stadiste avec laquelle il a vécu les mêmes frayeurs intenses puis le bonheur d'assurer le maintien sur le fil, il a tenté de tempérer au maximum son sentiment de réelle délivrance et de ne pas trop extérioriser cette joie, ne l'affichant que par un tout petit sourire et quelques accolades avec ses joueurs. Car la victoire des «Vert et Blanc», tactique en premier lieu, est un peu la sienne, du fait que la stratégie de jeu réaliste lui a été d'un grand secours pour la préparation psychologique et mentale de ses joueurs pour l'un des matches les plus difficiles et les plus importants de la saison, en l'occurrence celui face à un concurrent direct, imbattable jusqu'ici dans son arène. Les joueurs étaient, certes, fatigués, mais — chose très importante — ils étaient confiants et motivés. Et quand on sait que le mental peut parfois compenser largement le physique, le succès gabésien n'est pas surprenant. Les sept matches disputés jusqu'à maintenant en coupe de la CAF avec quatre déplacements dans des contextes difficiles et défavorables ont aguerri et mûri les «Vert et Blanc» de telle sorte qu'ils ont commencé à faire l'apprentissage et à acquérir l'expérience des matches-chocs. De quoi faire taire une fois pour toutes ceux qui ont conseillé au SG d'abandonner la belle aventure de la CAF et de se consacrer uniquement au championnat national. Le mérite de Lassaâd Dridi est d'avoir compris et reconnu que le mal ne résidait pas dans le fait de jouer sur deux fronts et s'est empressé, sous le coup des critiques, de faire son mea-culpa après les deux défaites devant le CA et l'ASK et le match nul à Gabès face au CAB. Les matches à six points, où l'enjeu est très crucial, la pression très forte et où le résultat prime, se négocient avec extrême prudence et avec une réalisme. Le duel face au TP Mazemble a donc été une sorte de répétition pour la rude empoignade avec les Stadistes. Un bloc bas en 4-5-1 durant soixante-quinze minutes devant les hommes de Maher Kanzari avec une première période réussie, puisque le ST n'a pu franchir et forcer le double rideau défensif gabésien et c'était plutôt le SG qui a eu deux belles opportunités (Hosni 30' et Cissé 38') de trouver, le premier le chemin du but. En deuxième mi-temps, il y a eu la chance, mais aussi un grand Slim Rebaï pour stopper le penalty de Abbes puis un but sur contre de Hichem Essifi (60') pour que le scénario soit parfait. L'incorporation de Lassaâd Chaâbani dans le dernier quart d'heure pour épauler le duo Hammami-Ben Mansour avec une charnière centrale à trois et la reconversion du schéma tactique en 5-4-1 ont permis de défendre bec et ongles la courte avance d'un but et de sceller le sort de ce match-clé du maintien. Une grande bouffée d'oxygène au moment opportun pour les Gabésiens qui ne peut que leur être bénéfique pour les cinq matches qui restent, mais aussi pour la deuxième manche décisive avec «les Corbeaux».