La société civile tunisienne n'a jamais eu autant de force de pression et de proposition en Tunisie. Révolution, merci ! D'autant plus que la constitution de janvier 2014, adoptée en grande pompe, a changé la donne. A l'aune des crises et vicissitudes qu'a connues le pays, le tissu associatif continue à s'élargir de plus en plus et gagner encore du terrain, se faisant ainsi une virginité nouvelle. Un tel statut avancé sur l'orbite nationale lui a valu l'honneur d'être un partenaire à part entière. Son apport est tel que la Commission européenne a tenu, depuis 2012, à jeter les bases des relations avec nos ONG, vu leur rôle de locomotive dans l'amélioration de l‘opinion publique. Cette approche de coopération consiste, alors, à promouvoir leur participation qualifiée de «significative et structurée» tant au niveau des politiques intérieures de leurs pays respectifs qu'à celles propres à l'Union européenne. Dans cette tendance d'échange mutuel, une conférence-débat se tiendra, après demain, au siège de l'Union européenne, à Bruxelles, où l'on se focalisera sur la marche du dialogue tripartite Tunisie-UE-société civile, en tant que clé pour les relations de bon voisinage. D'ailleurs, l'on est en train de l'aborder dans sa deuxième phase, à peine entamée. Au départ, l'initiative fut lancée, il y a deux ans, sous les bons auspices du Réseau euroméditerranéen des droits de l'Homme (Remdh), depuis son bureau à Tunis. Aux côtés du commissaire européen, M. Johannes Hahn, y prendra également part M. Kamel Jendoudi, ministre tunisien chargé des relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et les organisations des droits de l'Homme. Un face-à-face de haut niveau qui permettra de tracer les pas suivants sur la voie du partenariat nord-sud. Ce processus, comme l'a relevé M. Rami Salhi, chef du bureau du Remdh à Tunis, a été, jusqu'ici, couronné de succès, dans la mesure où il a vu naître et progresser une réelle implication de la société civile dans le suivi des relations Tunisie-UE. Cela étant, la réciprocité d'idées et d'échange puise dans la diversification des questions à remettre sur le tapis : réforme judiciaire, droits des femmes, des migrants et des réfugiés, ainsi que les droits d'ordre économique et social. Auxquels s'ajoutent, souligne M. Salhi, d'autres problématiques fondamentales ayant trait essentiellement à la nouvelle politique européenne de voisinage (PEV), le fameux accord de libre-échange complet et approfondi (Aleca) et le partenariat pour la mobilité (PPM). C'est là un vieux débat engagé, il y a maintenant plus d'un quart de siècle, en vertu de l'accord d'association Tunisie-UE conclu en 1995. Mais, l'entrée en scène de la société civile, longtemps écartée de ce jeu, annonce d'un retour au point départ. Autant dire, la redistribution des cartes, dans une logique de partenariat gagnant-gagnant. Un dialogue consensuel ne peut être que partagé, dans un esprit de respect mutuel. Ainsi évolue la réflexion aux intérêts communs des parties concernées. Et M. Salhi de rappeler que cette volonté de revenir à la table de négociations a été affirmée lors d'une première conférence-débat organisée le 7 avril dernier à Tunis. Le rendez- vous des Bruxelles aura, donc, à donner un coup de sifflet pour reclasser les priorités mixtes d'un nouveau round de dialogue tripartite 2016-2018.