Le processus du 25 juillet, qui a fait trembler l'ordre établi lors de la décennie noire avec toutes ses dérives et tous ses dérapages, semble transformer la Tunisie. Une Tunisie qui n'est plus spectatrice de son monde et qui est décidée plus que jamais à faire bouger les choses. Il n'y a pas que les chiffres, notamment d'ordre économique, qui parlent d'un pays qui n'a pas seulement changé de processus politique, mais aussi de son positionnement à l'intérieur comme à l'extérieur. C'est là la principale transformation de la Tunisie dans sa nouvelle version. Les positions et les décisions du Président de la République semblent ne pas plaire à certaines parties étrangères, essentiellement le Fonds monétaire international. Habituées à des vis-à-vis plus ou moins dociles, pour ne pas dire moutonniers, ces parties n'arrivent pas à déchiffrer et à décoder les pensées d'un Président qui déroge à la règle. D'une épreuve à l'autre, Kaïs Saïed reste droit dans ses bottes. Il avance avec les bonnes idées. Les bonnes résolutions aussi et surtout, notamment à travers des orientations stratégiques et sensiblement révolutionnées. Il faut lui reconnaître ce courage de changer presque toute la Tunisie en si peu de temps. Le constat est là : on gère un pays comme on gère un patrimoine si cher et tellement significatif. Des décisions importantes ont déjà été prises. D'autres le seront prochainement. Des reconversions mêmes suivront. En Tunisie ou ailleurs, Saïed redistribue les cartes dans un environnement en pleine mutation. Coup de génie ? Coup de poker ? Comme souvent, les réponses à apporter à ce genre d'interrogation dépassent en significations la simplicité des questions. Il y a, cependant, un constat qu'il faut assurément nuancer: le processus du 25 juillet ne s'est jamais départi des aspirations des Tunisiens. De leurs besoins et de leurs attentes. D'ailleurs, la voie dans laquelle s'est engagé le pays impose sans cesse cette obligation de ne pas faire les choses à moitié et les décisions prises à la foulée n'ont jamais oscillé entre l'essentiel et l'accessoire. Il y a des pays qui sont valorisés en fonction de leurs aptitudes et leur croissance économique et financières. Mais il y a d'autres qui ont la valeur de ce qu'ils possèdent. De ce dont ils sont vraiment fiers. Les performances économiques sont des critères valables pour qualifier un pays, une nation. Mais Saïed, à l'instar des grands réformateurs tunisiens qui l'ont précédé, continue, en dépit de toutes les pressions émanant de l'intérieur comme de l'extérieur, toujours à penser que le progrès réside aussi dans des réformes bien spécifiques, mais surtout dans la révolution des esprits. Face au FMI et à ses exigences qui n'en finissent pas, il tient à prouver que la Tunisie use de son libre arbitre et n'a nullement besoin d'instructions ou de recommandations, d'où qu'elles viennent. Mais qu'elle mérite d'être traitée différemment. C'est pourquoi il se donne pour mission d'assurer à la Tunisie le cadre propice à l'épanouissement des compétences et du talent de ses hommes et de ses femmes. Le pays prend ainsi une nouvelle allure, avec des revendications et des prérogatives de plus en plus assumées. De plus en plus déclarées. C'est pourquoi nous demeurons convaincus que le meilleur est à venir. Plus encore: compte tenu des tendances et des contextes actuels, l'essentiel reste encore à faire.