Les victoires sont des critères valables pour juger une équipe. Mais à l'Espérance comme à l'Etoile, on continue toujours à penser que le progrès réside aussi dans les réformes techniques et dans la révolution des esprits. L'Espérance, et tous ceux qui sont derrière l'équipe, avancent avec les bonnes idées. Les bonnes résolutions aussi avec notamment neuf points en trois matches. Il faut reconnaître ce courage de changer presque toute la physionomie de l'équipe en si peu de temps. Le constat est là : on gère l'équipe comme on gère un patrimoine si cher et tellement significatif. Sur le plan de la gestion du groupe, là encore, aucun faux pas. Tout est maîtrisé. Pourtant, des décisions importantes sont déjà prises, et d'autres vont l'être très prochainement. Des reconversions même. Car l'entraîneur espérantiste redistribue les cartes dans un groupe qui se revendique dans un esprit collectif et autour d'un football total. Les «Sang et Or» pensent d'ores et déjà à une performance aboutie. Il n'y a pas que les chiffres. L'EST n'a pas seulement changé de jeu, mais aussi de comportement et d'attitude sur le terrain. On ne cherche plus uniquement la maîtrise de la balle, mais également la récupération haute et la projection rapide vers le but adverse. C'est le principal changement de l'équipe dans sa nouvelle version. En douceur, certes, mais le visage de l'équipe est en train de changer sensiblement. Coup de génie ? Coup de poker ? Coup de folie ? Souvent, les réponses à apporter dépassent en complexité la simplicité des questions. Un avis qu'il faut cependant nuancer : l'Espérance ne s'est jamais désunie avec le jeu, l'inspiration et la créativité. Avec ou sans Faouzi Benzarti, le jeu a été toujours une activité rentable pour l'équipe, pour les joueurs. Le statut du club impose sans cesse cette obligation de ne pas faire les choses à moitié. Son parcours n'a jamais oscillé entre l'essentiel et l'accessoire. L'équipe est considérée par son passé, son histoire, mais aussi par les «conventions» comme un condensé d'obligation de résultat et de la manière. Dans la littérature sportive, il en est ainsi des équipes valorisées en fonction de leurs aptitudes au jeu, mais aussi de leurs effectifs. Chaque joueur a une valeur de marché à la fois individuelle et collective. Ce qui revient à dire que l'Espérance a la valeur de ce qu'elle possède. Elle évolue selon les performances, la compétitivité et la persévérance de ses joueurs. L'équipe prend, de toute évidence, une nouvelle allure, avec des prérogatives de plus en plus renouvelées. Mais nous demeurons convaincus que le meilleur est encore à venir. Plus encore, compte tenu des nouvelles tendances et des dispositions des joueurs, l'essentiel reste encore à faire. Les dernières prestations prouvent d'ailleurs que l'équipe se lance sur la bonne voie et qu'elle est capable d'aller encore plus loin. Elle se donne de plus grandes attributions avec des ambitions à la fois légitimes et justifiées. Entre métamorphose et émergence, elle se fixe de nouveaux défis. Beaucoup de joueurs ont déjà le mérite d'avoir réussi à évoluer, à progresser et surtout à ajouter une valeur à leurs dispositions et aptitudes. D'autres connaissent un parcours plus ou moins différent. Ils incarnent le sens de l'émersion et du jaillissement. Ceux-là mêmes qui émergent du lot au moment où l'on s'attendait le moins. Ainsi est la raison d'être d'une équipe comme l'Espérance : Des confirmations, elle en apporte souvent. Des ambitions légitimes et justifiées Dans le sport, et dans le football en particulier, il n'y a pas de jugement établi. L'Etoile, autre grand candidat à la consécration finale dans cette phase de play-off, n'a pas mis longtemps pour rebondir, pour prouver qu'une défaite, ou un faux pas n'alternent jamais les certitudes d'une véritable institution de football. Mais l'on ne doit pas oublier que cela relève de l'abnégation et de la détermination de ceux qui veillent à la destinée de ce club et de son avenir... Dans sa dernière copie et à travers ce qu'elle avait laissé entrevoir lors de sa dernière sortie face au CA, l'équipe étoilée a encore donné la preuve que ses joueurs ont toujours la même attraction, mais aussi une efficacité jamais oubliée. Il ne s'agit nullement d'un concours de circonstances. Le jeu, la créativité ne sont pas une soustraction dans le mode d'emploi de l'équipe et dans le comportement des joueurs sur le terrain. Indiscutablement, l'ESS donne encore l'impression de pouvoir encore et toujours préserver la fermeté du système, les articulations du rythme. Il faut que la réussite d'une équipe comme l'Etoile n'est pas nécessairement soumise à la dictature des résultats. Faire et défaire les choses, tel est le sort de Ammar Jemal et de ses camarades. Tel est le grand enjeu du parcours de l'équipe, même au quotidien. Il n'y a pas, certes, de match sans contrainte de résultat. Mais ici et là, ca ne peut être que la même noblesse. On a beau dire que le progrès est fortement lié aux résultats, que les victoires sont des critères valables pour juger une équipe. Mais à l'Etoile, on continue toujours à penser que le progrès réside aussi dans les réformes techniques et dans la révolution des esprits.