Le développement de la petite enfance en Tunisie est de type émergent, en dépit des efforts colossaux menés sur ce front Le diagnostic et l'évaluation de l'Approche systémique pour de meilleurs résultats en matière d'enseignement-développement de la petite enfance (SABER-DPE) ont permis de classer la Tunisie au troisième niveau de performance sur une échelle de quatre niveaux. Le développement de la petite enfance en Tunisie est jugé comme étant émergent, en dépit des efforts colossaux menés sur ce front. Un constat frustrant qui revient, en bonne partie, à l'absence d'une stratégie globale et multisectorielle, à même de garantir le développement de la petite enfance à travers des actions multisectorielles en harmonie et répondant aux besoins de la société et de cette tranche d'âge en particulier. Le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance en collaboration avec l'Unicef et la Banque mondiale, se penche sur un projet systémique d'envergure, à savoir l'instauration de ladite stratégie et la garantie à tous les intervenants, notamment les ministères concernés, les institutions publiques, la société civile, le secteur privé ainsi que les chercheurs spécialisés dans le développement de la petite enfance d'une plateforme pluridimensionnelle, à même de booster leurs efforts conformément aux enjeux ciblés. Le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance organise depuis hier -et jusqu'à demain- une série d'ateliers et des travaux de groupes portant sur les rapports rédigés dans le cadre de l'élaboration d'une stratégie nationale multisectorielle pour le développement de la petite enfance en Tunisie. Ouvrant la première journée de cet évènement, Mme Samira Maraï, ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfance, a salué la précieuse contribution des organisations internationales à ce projet, notamment l'Unicef et la Banque mondiale. Elle a indiqué que le développement du potentiel cognitif, social et sanitaire de la petite enfance constitue l'assise d'une société meilleure. D'où la nécessité d'asseoir une stratégie multisectorielle, holistique et globale. La ministre a attiré l'attention de l'assistance sur l'ampleur alarmante que prennent différentes formes de violences sociales, dont le terrorisme, le radicalisme... « Il y va de la responsabilité de tous et de chacun d'y faire face et de protéger la Tunisie contre toute menace de régression », a-t-elle souligné. La petite enfance et ses besoins de développement Pour Mme Lila Pieters, représentant le bureau de l'Unicef à Tunis, investir dans la petite enfance âgée de 0 à 6 ans aurait un retour considérable sur la société, sur l'économie et sur l'Etat. Le présent projet acquiert, à son sens, un caractère ambitieux. Mme Pieters a expliqué les étapes basiques du développement de la petite enfance, notamment des enfants âgés entre 0 et 6 ans. En effet, la première étape (entre 0 et 3 ans) détermine l'équilibre de l'enfant. Si la mère est souvent victime de violence, cela se répercute foncièrement sur l'équilibre de l'enfant. Aussi, s'avère-t-il indispensable pour le système de développement de la petite enfance, de veiller sur l'encadrement des futurs parents. « Les 1.000 premiers jours sont importants sur le plan sanitaire. Toutes les carences endurées durant les 1.000 premiers jours seront, malheureusement, des carences chroniques, irrémédiables. Pour minimiser les carences, il convient de sensibiliser sur l'allaitement maternel exclusif (AME) et lutter contre le tabagisme», renchérit-elle. L'oratrice a également évoqué la violence exercée sur les enfants âgés de moins de trois ans ; des violences de différents degrés qui affectent toutes la santé de l'enfant. Appel à la mise en application des rapports rédigés De son côté Mme Eileen Murray, représentante de la Banque mondiale à Tunis, a souligné l'importance du présent projet, surtout dans le contexte actuel. Notre pays fait ses premiers pas vers la démocratie. Le plan de développement pour le quinquennat 2016/ 2020 doit, impérativement, inclure une vision claire et avant-gardiste des enjeux relatifs au développement des enfants, des adultes de demain. « Je souhaite vivement que le rapport sur la situation du développement de la petite enfance soit pris au sérieux et, par conséquent, mis en application. Je souhaite qu'il ne soit pas rangé— comme c'est le cas pour des centaines de rapports et de projets— dans les casiers », fait-elle remarquer. Et d'ajouter que la BM s'engage à soutenir ce projet en prenant à cœur la lutte contre la disparité régionale en matière d'accès à l'éducation. Harmoniser les actions, maximiser les ressources Mme Asma Mattousi, de la direction générale de l'enfance, a donné un aperçu détaillé sur le présent projet. La stratégie globale et multisectorielle pour le développement de la petite enfance tend à définir une vision globale du système, à harmoniser les efforts fournis par toutes les parties concernées autour d'une série d'objectifs bien déterminés, conformément aux directives du plan pour le développement 2016/ 2020. Elle permettra aussi de maximiser les ressources relatives au développement de la petite enfance, notamment les ressources humaines, matérielles et institutionnelles. L'oratrice a pris soin de rappeler les quatre phases du projet, à savoir la phase préliminaire, la phase de documentation et de consultations régionales et sectorielles, l'élaboration de la stratégie, la finalisation de la stratégie et la mise en place du plan d'action. Lors de cette première journée, l'assistance a pris connaissance des rapports résultant des consultations réalisées en deuxième phase, notamment le rapport sur les consultations régionales et locales, le rapport sur les entretiens de haut niveau ainsi que le rapport sur l'analyse de la situation de développement de la petite enfance en Tunisie.