Dans un entretien publié, le 2 juin 2016, dans le bulletin du Fonds monétaire international (FMI), Amine Mati, chef de mission du FMI pour la Tunisie, avait déclaré, à propos du dernier prêt de 2,9 milliards de dollars accordé à la Tunisie, que le pays a besoin de mettre en œuvre vigoureusement des mesures macroéconomiques et des réformes structurelles pour que le secteur privé investisse et crée des emplois. Le FMI est tout à fait certain de la nature de ces réformes. Il s'agit de réduire le déficit budgétaire, diminuer les dépenses publiques par une meilleure maîtrise des salaires, un assouplissement du taux de change, une restructuration des banques publiques, une réduction des subventions, une amélioration du système fiscal, etc. Mais leur application impose des mesures douloureuses, qui risque de ne pas plaire à tout le monde. Et avec le climat social assez tendu, il faudrait s'attendre à des années encore plus difficiles sur le plan socioéconomique que les années précédentes. Administration Certains parlent même du scénario grec, avec un déficit budgétaire qui a atteint des niveaux alarmants et une dette publique qui dépasse les 50% du Produit intérieur brut (PIB). Les réformes indiquées peuvent aussi imposer un « embargo » sur les recrutements dans la fonction publique, avec une masse salariale qui a presque doublé selon la loi de finances 2016 par rapport à 2010, soit 13 MDT contre 6,7 MDT, selon le ministère de Finances. Cette masse salariale représente actuellement, selon le FMI, 65% des recettes fiscales, 14% du PIB et 45% des dépenses totales. Un niveau qui « n'est pas viable », selon le représentant du FMI. D'où la difficulté de cette réforme structurelle qui pousserait à adopter des solutions extrêmes pour répondre aux exigences de l'institution financière internationale. Investissement Cap aussi sur l'investissement qui a connu des baisses importantes, durant les cinq dernières années. Le Partenariat public-privé (PPP) constitue, selon des experts, un bon mécanisme pour booster l'investissement et la croissance économique. Mais cela requiert une amélioration de l'environnement des affaires par une amélioration de l'infrastructure, de la logistique, qui constitue des pré-conditions pour attirer les investisseurs et créer de l'emploi. D'ailleurs, Yassine Ibrahim, ministre de l'Investissement, du Développement et de la Coopération Internationale, est paru prudent, lors de son intervention à la conférence organisée récemment par l'Institut arabe des chefs d'entreprises (Iace) sur le thème «le plan stratégique 2016-2020 : financement PPP et développement durable». Il a indiqué qu'il est nécessaire de réfléchir sur la méthode de réalisation des projets PPP pour minimiser les risques, estimant que la libéralisation économique et l'amélioration de la logistique et des procédures administratives sont des préalables à l'application de ce mécanisme. Ces transformations intrinsèques sont assez pénibles également pour une économie fragilisée, bien qu'elles soient nécessaires. Ajoutons à cela la lutte contre la corruption et le renforcement de la gouvernance. Le diktat du FMI peut être vu comme « un plan de sauvetage », pour certains, mais aussi comme une imposition de l'ordre établi, ajoutant plus de difficultés à l'économie tunisienne. Dans un contexte politique incertain, toutes ces orientations semblent assez floues pour pressentir l'engagement gouvernemental à réformer ses institutions de l'intérieur. Espérons que le forum de l'investissement qui sera organisé l'automne prochain pourrait être cette lueur pour la mise en route de certains grands projets et entamer vigoureusement le chemin de la réforme.