En ce 26 juin, la communauté internationale rend hommage aux victimes de la torture. Cette journée est d'abord l'occasion de penser à toutes celles et tous ceux qui subissent ou ont subi la torture ou des traitements cruels, inhumains ou dégradants, qu'ils en aient perdu la vie ou qu'ils en ressentent encore aujourd'hui les douloureuses stigmates, physiques et psychologiques. L'interdiction et le refus inconditionnels de la torture, en toutes circonstances, constituent des principes fondamentaux des droits de l'Homme, partagé par l'Union européenne et la Tunisie. Ce crime nie la dignité humaine et, ce faisant, nie le fondement même de nos démocraties et de la liberté qui nous est si précieuse. Cette journée permet également de saluer l'engagement de terrain de tous ceux qui, au quotidien, luttent contre ces pratiques : militants associatifs, juges, policiers, journalistes, citoyens... Chacun a un rôle à jouer pour prévenir la torture, et — lorsqu'elle sévit — pour faire en sorte qu'elle ne reste plus jamais impunie. La lutte contre l'impunité est l'affaire de tous. En ces temps où nos sociétés sont frappées par la brutalité terroriste, il faut se prémunir de toute tentation archaïque de recourir à de telles pratiques. La torture n'est pas seulement une violation des droits fondamentaux, c'est aussi une ineptie dans le procédé : au lieu de garantir la sécurité, le recours à la torture risque au contraire d'alimenter une propagande radicale et une violence rejetant la légitimité des autorités. La torture est en outre inefficace puisqu'elle provoque très souvent des aveux qui ne correspondent pas à la vérité et qui conduisent les services d'enquête sur de fausses pistes qui nuisent en réalité à l'efficacité de la lutte contre le terrorisme. Les avancées institutionnelles et législatives réalisées par la Tunisie, depuis la Révolution, sont significatives, qu'il s'agisse du texte sans équivoque de la nouvelle Constitution, de la création d'un mécanisme national de prévention de la torture en conformité avec les engagements internationaux du pays ou encore de la réforme, plus récente, du Code de procédure pénale. L'UE salue ces progrès remarquables qui confirment la fin du système en place sous le régime précédent. Elle continue de prêter une attention particulière à la mise en œuvre de ces décisions, processus qui apparaît souvent moins immédiat. Les cas de mauvais traitements rendus publics par les médias ces derniers mois, que ce soit dans le cadre d'enquêtes pour faits de terrorisme, ou à l'égard d'individus en détention, notamment en raison de leur orientation sexuelle, sont préoccupants. Même s'ils restent isolés, il est essentiel que ces cas fassent l'objet d'enquêtes et de poursuites. Comme l'a déclaré le ministre en charge des droits de l'Homme, Kamel Jendoubi, au sujet des recommandations du Comité contre la torture qui a discuté le 3e rapport périodique de la Tunisie les 20 et 21 avril dernier, le gouvernement est engagé, en association avec les militants des droits de l'Homme, les médias et les organisations internationales concernées, en vue d'éliminer toutes les formes de torture et de mauvais traitement en Tunisie. Le Comité contre la torture a recommandé notamment des réformes législatives pour accorder davantage de garanties juridiques aux détenus. Il a également préconisé la révision du système sécuritaire pour lutter contre l'impunité en cas d'implication dans des actes de torture, d'améliorer les conditions de détention, de protéger les défenseurs des droits de l'Homme, de lutter contre les violences faites aux femmes ou d'abroger l'article 230 sur la pénalisation de l'homosexualité et de supprimer les examens médicaux imposés aux détenus dans ce contexte. L'UE salue les engagements pris par le gouvernement et encourage vivement la Tunisie à mettre en œuvre ces recommandations. L'Union européenne et ses Etats membres soutiennent les efforts des institutions et de la société civile visant à mettre en œuvre la nouvelle Constitution et à lutter contre l'impunité. L'Union européenne continuera à mobiliser des financements et de l'expertise sur la question de la lutte contre la torture et les traitements inhumains et dégradants. Les transitions démocratiques encore récentes de plusieurs Etats membres de l'UE sont des expériences susceptibles d'être utiles, nous l'espérons, à la transition tunisienne. En ce jour symbolique, l'UE réaffirme son engagement à lutter contre la torture, sous toutes ses formes, et à accompagner les efforts des Tunisiennes et des Tunisiens afin que les droits et libertés garantis par la Constitution aient une traduction concrète dans la vie de tous les citoyens.