Ils sont maints joueurs tunisiens talentueux qui ont fait leurs preuves ici pour partir en Europe. Feu de paille, ils craquent pour revenir aussi vite qu'ils sont partis Nos joueurs sont-ils gâtés? On pose cette question simple mais importante et «stratégique» parce que nos footballeurs, contrairement aux Algériens et Marocains ne réussissent pas en Europe. Loin d'être compétitifs, ils sont si gâtés qu'une fois partis de nos cieux, ils ont du mal à se prendre en charge, à supporter les aléas et les exigences du football professionnel. Cela se matérialise par des faits concrets : ils se mettent de côté, ils sont mal à l'aise aux entraînements, ils ont des problèmes avec leurs entraîneurs, avec leurs équipiers. Ils jouent moins qu'attendu en équipe A et logent sur le banc des remplaçants. Et puis, ils aiment qu'on les qualifie de victimes de leurs entraîneurs, et d'un entourage qui leur veut du mal. Pas mal de nos joueurs ont dû partir du championnat tunisien avec de grandes ambitions et poussés par des rêves de devenir des stars de haut niveau. Ilusions, cauchemars, la vie est si dure pour eux. Et puisqu'ils partent en stars gâtées, en joueurs qu'on protège à tort et à travers, la chute est vertigineuse. Entre les attentes et la dure réalité, tout un monde. L'échec se fait sentir d'autant qu'ils n'ont pas le souffle et le cœur pour résister et pour espérer un lendemain meilleur. Du coup, ils s'isolent et demandent à leurs agents de négocier un départ au bout de la première saison, voire avant. Leur destination? Bien sûr un championnat du «Petro dollar» où les conditions et le fonctionnement vont parfaitement avec le profil du joueur arabe. Un championnat où on paye très bien et où le niveau est moyen (un peu mieux au Qatar où les stars au bord de la retraite donnent un peu de crédibilité). Sinon, la destination est au championnat européen de seconde zone qui permet au joueur de se relancer. Sinon, et c'est le sujet de notre dossier, ils rebroussent chemin et reviennent aussi vite qu'ils sont partis. Exemples divers Cette catégorie de joueurs expatriés qui ratent leur passage pour revenir à leurs clubs remonte loin dans l'histoire. Cela n'a rien à voir avec les exemples des joueurs des années 70 et 80, qui ont affronté des championnats européens inaccessibles et fermés devant les joueurs africains et arabes. Ce n'était pas facile pour Limam, par exemple, de réussir au Standard de Liège, ou à Maâloul et Mahjoubi de briller en Allemagne. L'exemple de Faouzi Rouissi est édifiant : il est parti en 1992 en tant que superstar du CA. Son passage à Caen était un fiasco, il passe à Al Hilal avant de retrouver le CA en 1995. Il gagne un titre de champion et retrouve ses sensations pour repartir en Allemagne en 1999, et revenir encore une deuxième fois au CA en 2002. Sellimi, aussi, est revenu au CA en 2003 avant de partir à l'EOGK, mais à la différence de Rouissi, il a quand même réussi en Allemagne. On peut aussi parler de Gabsi, Badra, El Ouaer qui ont retrouvé l'EST après un court et polémique passage à Gènes avec Scoglio. Si on compare ces anciens joueurs à ceux d'aujourd'hui, on trouve quelques différences. Actuellement, réussir en Europe n'est plus une chose miraculeuse. Le monde a changé, le football européen est beaucoup plus accueillant, plus ouvert. Alors demandez à Zouheïr Dhaouadi, parti avec des ambitions démesurées du CA pour Evian, pourquoi il a fait un come-back décevant quelques mois après ? Demandez aussi à Iheb M'barki qui a bien commencé à Evian pour étonner et jouer à l'EST ? D'autres exemples : Khelifa qui a joué à Marseille pour finir au CA, tout comme Ben Youssef, révélation du championnat à l'époque, qui a fui Metz pour se réfugier à l'EST avec un contrat doré. Sportivement, cela veut dire qu'ils étaient loin du compte et incapables de se prendre en charge et réussir. Revenir si vite sur un championnat faible comme celui tunisien n'a rien de génial et n'a rien d'intelligent. Cela veut dire une seule chose : ce sont des joueurs doués probablement, mais qui n'ont pas le mental et le cœur d'un vrai footballeur professionnel de haut niveau. La seule circonstance atténuante est que ce retour prématuré est une tentative de retrouver ses sensations pour un éventuel transfert avec plus de chances de réussite. Discutable là encore...