Le centre Yakedh de I Watch, une plateforme pour la réception des dénonciations de la corruption financière et administrative, procédera à l'étude des dossiers et portera des plaintes contre les malfrats L'organisation I Watch vient de lancer un centre pour le soutien et l'orientation des victimes de la corruption, Yakedh, avec l'appui de l'organisation internationale «Transparency International» qui a lancé une série de centres de ce genre dans plus de 60 pays de par le monde. Ce centre, le premier en Tunisie et le second en Afrique du Nord après celui du Maroc, œuvrera, selon les responsables de I Watch, à encourager les citoyens à dénoncer les cas de corruptions financière et administrative afin d'aider à l'installation d'un climat favorable à la reddition des comptes, la redevabilité et à lutter contre l'impunité. Le président de I Watch, Achraf Aouadi, a annoncé, hier lors d'une conférence de presse à l'occasion du lancement officiel du centre, que quatre grands dossiers d'investigation seront prochainement publiés. D'après lui, ils concernent, entre autres, le secteur bancaire, l'administration publique au niveau des ministères, les entreprises tunisiennes offshore. Et d'ajouter : «Le centre Yakedh pour le soutien et l'orientation des victimes de la corruption sera l'une des armes de notre guerre contre la corruption. Il contribuera à encourager les citoyens à dénoncer les actes de corruption sans avoir peur. Nous leur disons que nous serons à l'avant de cette guerre et que nous en prendrons la responsabilité légale. Ils doivent être rassurés que leur identité sera protégée et qu'ils n'ont rien à craindre. Fini l'impunité et le harcèlement!». Tous les secteurs sont touchés Aouadi, qui a critiqué le manque de sérieux dans le traitement de la corruption de la part des autorités législative, judiciaire et exécutive, a mis en valeur la responsabilité de la société civile dans cette lutte contre la corruption, du moins par obligation morale. Il a réaffirmé que son organisation agira avec d'autres organisations et associations pour contrer la loi portant sur la réconciliation économique tout en indiquant que d'autres lois sont plus prioritaires que cette dernière, notamment celle portant sur la protection des dénonciateurs des cas de corruption. Selon la conseillère juridique du centre, Intissar Arfaoui, le centre a reçu et répertorié, depuis septembre dernier, plus de 180 dossiers d'affaires de corruption et autres qui sont classés dans une base de données par mois. Il y en a 80% qui sont des affaires de corruption, alors que les autres ont porté sur d'autres affaires d'injustice ou autres. «C'est que certains citoyens n'ont pas bien assimilé la notion de corruption et cherchent à exposer ces problèmes et en trouver des solutions, a-t-elle expliqué. Parmi ces dossiers de corruption, il y a des affaires remontant à la période précédant la révolution, qui sont encore dans le circuit judiciaire et qui sont sujettes à manipulations politiques anciennes. Pour ce qui est des affaires d'après la révolution, il y a certaines qui ont fait l'objet d'abus de pouvoir, notamment celles qui concernent les établissements publics. Globalement, les dossiers ont touché la majorité des secteurs et les dénonciateurs ont été des citoyens et des fonctionnaires relevant de plusieurs ministères, notamment ceux des Affaires religieuses, de l'Equipement, de l'Agriculture, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de l'Education, de l'Environnement, de la Culture, etc. Presque tous les secteurs sont représentés dans ces dénonciations. Ces dernières concernent principalement des présomptions de corruption, de copinage, d'abus de pouvoir, etc. Et généralement, ce sont des infractions qui sont difficiles à prouver. Le centre compte quatre administrateurs permanents, outre les experts et avocats qui font le suivi des dossiers dont des spécialistes dans la fiscalité, le foncier, l'abus de pouvoir administratif. Pour le moment, ils sont volontaires», selon la conseillère juridique du centre Yakedh.