Par M'hamed JAIBI La future désignation du chef du gouvernement d'union nationale ne semble toujours pas tranchée, ballottée qu'elle est entre les exigences des uns et les appréhensions des autres. L'Ugtt aurait ainsi estimé irrecevable la nomination de quelque ancien ministre de Ben Ali à ce poste essentiel, même si elle ne verrait pas d'inconvénient à ce que le nouveau chef d'équipe inclue de telles personnalités dans son cabinet. A cela, Houcine Abassi ajoute qu'il ne faudrait pas que le nouveau gouvernement se révèle «provisoire», soit amovible ou délogeable, incapable de tenir le cap au-delà des élections municipales et jusqu'aux prochaines législatives. Remarque qui rappelle, en douce, l'impératif que l'élu soit le fruit d'un véritable consensus s'inscrivant dans la durée. De leur côté, les nidaïstes, notamment ceux proches de la direction officielle du parti, sont favorables à un candidat issu de Nida Tounès : Slim Chaker, Néji Jelloul, Youssef Chahed ou Khemaïs Jhinaoui. Mais les autres signataires de l'accord de Carthage sur le futur gouvernement voudraient éviter de nommer un ministre d'Essid à La Kasbah. De son côté, Ennahdha veut laisser Nida (et son chef historique, Béji Caïd Essebsi) prendre «librement» la responsabilité de choisir le futur chef de gouvernement, tout en rappelant çà et là que la place lui revenant au sein de l'équipe devra être conforme à son poids. Une exigence contradictoire avec l'idée «d'équipe cohérente soudée» ayant guidé l'initiative présidentielle. Et Machroû Tounès d'estimer que les tiraillements prévalant au sein de Nida disqualifient toute candidature issue de ce parti. Plus généralement, les neuf partis signataires et les trois organisations souhaiteraient se mettre d'accord sur un politique fin connaisseur, déterminé et consensuel, un «oiseau rare» non partisan qui puisse synthétiser l'ambition de renouveau et de sauvetage portée par l'initiative présidentielle. Mais très rares sont les personnalités de ce type sur le marché : quelques anciens de l'époque Bourguiba, quelques économistes plutôt académiciens, peut-être Néjib Chebbi, désormais classé «indépendant», ou alors une botte secrète que tirerait, au dernier moment, le président Caïd Essebsi de sa poche revolver, lui qui vient de monter les enchères en lançant le nom de Youssef Chahed. Pour voir... et pour négocier. Car il s'agit de préserver l'accord de Carthage. Noureddine Ben Ticha n'a-t-il pas déclaré que «le plus important est que les 9 partis politiques et les 3 organisations nationales qui ont pris part à l'initiative présidentielle et qui ont signé l'accord de Carthage continuent d'être les alliés du futur gouvernement, sachant que ce gouvernement tirera ses futures prérogatives de l'ARP». Que le choix définitif se porte sur Chahed ou sur un autre.