Dans la lignée des championnes arabes sacrées dans les précédentes olympiades, Boubakri met l'accent sur la dimension de libération et d'égalité «Le triomphe de la femme tunisienne et arabe». Quelques instants après avoir arraché la médaille de bronze à l'épreuve du fleuret féminin des Jeux olympiques de Rio, notre championne Inès Boubakri, toute à son émotion, a mis l'accent sur la dimension de l'émancipation de la femme arabe qui se veut l'égale de l'homme, les performances sportives venant conforter une telle ambition. Elle se trouve ainsi dans une logique vieille de plusieurs décennies. En 1984 à Los Angeles, l'athlète marocaine Nawal El Mantawakil, aujourd'hui dans le staff du Comité international olympique, ne disait pas autre chose après son succès au 400m. L'Algérienne Hassiba Boulmerka et la Syrienne Ghada Chouaâ reprenaient quelques éditions plus tard la même remarque qui en dit long sur les frustrations ancestrales de la femme arabe dans une société connue pour être mysogine sur les bords, voire «maso». Habiba Gheribi mettait également l'accent sur cette dimension après son succès aux Jeux olympiques de Londres sur 3.000 m steeple. Echapper au carcan C'est dire à quel point la défense de la cause de la femme leur tient à cœur. Elles profitent de cette formidable caisse de résonance offerte par la plus grande manifestation sportive internationale, à savoir les JO pour crier haut et fort : «Nous les femmes arabes, nous sommes là. Malgré les clichés, les a priori, les souffrances aussi, nous restons la partenaire de l'homme dans la construction d'une société meilleure». Un message avant-gardiste, libérateur, à l'opposé des prêches obscurantistes de tous poils qui pullulent de nos temps. Inès Boubakri incarne cette quête de liberté, d'excellence aussi. Elle a dû s'expatrier pour améliorer sa performance sportive, pour échapper au carcan du sport féminin qui fait en Tunisie quasiment de la figuration. Notre escrimeuse est la première en Afrique et dans le monde arabe à remporter une médaille olympique dans une discipline aussi exigente. Et c'est l'autre dimension de l'exploit de notre championne de haute voltige.