Faute de combattants de dimension internationale, le judo tunisien reste encore trop fragile pour une épreuve comme les J.O. Après quatre ans de travail, de promesses et de restructuration, on s'attendait au podium aux Jeux olympiques de Rio. Mais rien de cela n'a été fait, malheureusement. L'exploit n'a pas eu lieu et le judo tunisien n'a pas réussi à remporter une médaille en dépit d'un budget colossal (FTJ, sponsoring, tutelle et Cnot), une presse conciliante et parfois même complaisante et un président connaisseur et averti. La déroute de nos quatre judokas Héla Ayari, Houda Miled, Faïçal Jaballah et Nihel Cheïkhrouhou était pourtant attendue par les spécialistes du judo tunisien qui n'ont cessé d'affirmer que ce quatuor n'a pas le potentiel adéquat pour faire bonne figure à Rio. La sonnette d'alarme a été déjà tirée depuis les Jeux méditerranéens de Mersin, mais aussi après l'Open international de Tunis, suite aux défaites de la revenante Houda Miled, et surtout de Faïçal Jaballah qui a confirmé ses limites à l'échelle mondiale. Averti, Skander Hachicha, actuel président de la FTJ, n'a cessé de souligner que Faïçal Jaballah n'a pas retrouvé sa flamme de superbe champion junior. C'est beau d'être champion d'Afrique, le cas de ce quatuor. Mais la réalité olympique, c'est une autre paire de manches. A Rio, ces quatre athlètes furent méconnaissables et sans stratégie. Et c'était comme s'ils creusaient encore plus le lit de leur sortie prématurée et sans le moindre panache. Nous avons contacté l'ex-sélectionneur national et ex-gloire du judo tunisien, Béchir Khiari, qui a analysé ce fiasco, en mettant l'accent sur les angles suivants : «Il y a eu une propagande démesurée de la part de la FTJ, touchant les résultats nationaux et internationaux de ses athlètes, alors que la réalité était tout autre. Il y a eu duperie, à l'évidence. Tout cela s'est répercuté sur le rendement des quatre athlètes retenus à Rio. Le potentiel de Hela Ayari est certain. Il n'y a rien à redire. Mais à Rio, elle n'a pas bénéficié des avantages financiers et techniques que l'on pouvait imaginer. Malgré tout, l'avenir lui appartient. Quant à Houda Miled, c'est une athlète carrément «finie». L'on se demande sur quels critères elle a été retenue, alors qu'elle était blessée. Ses derniers résultats viennent confirmer ces dires. Elle doit prendre sa retraite et céder sa place aux jeunes. De son côté, Nihel Cheïkhrouhou a été méconnaissable et incapable de se hisser au niveau olympique. Enfin, Faïçal Jaballah a encore une fois raté son rendez-vous. Il n'a pas évolué. Il a combattu sans stratégie. Son élimination précoce trahit ses limites techniques en dépit de ce qu'il a eu comme avantages financiers. Le Cnot et la tutelle ont fait ce qu'il faut pour le motiver, mais en vain ! Pour conclure, il n'y a plus de judo en Tunisie à part quelques clubs à Sfax, à Tunis et à Kairouan». Skander Hachicha : «On fera mieux en 2020» Après le waterloo du judo national, le président fédéral Skander Hachicha s'est excusé auprès du public sportif : «Je suis vraiment désolé pour notre échec à glaner cette médaille olympique tant espérée depuis des années. Les quatre judokas retenus à Rio ont fait des sacrifices pour honorer le judo tunisien. Mais la dure loi du sport a fait des siennes. En tant que président de la FTJ, j'ai fait mon devoir. J'ai consenti beaucoup d'efforts pendant mon mandat. Je vous promets qu'on fera le maximum pour remporter une médaille aux Jeux olympiques 2020 au Japon». Skander Hachicha oublierait-il par hasard que le judo tunisien n'a pas de grands athlètes pour pouvoir jouer un rôle plus important à l'avenir. A notre avis, il faut tout revoir dans tous les domaines technique et administratif. Il faut revoir également le staff technique national qui a montré ses limites et son manque de perspicacité à Rio.