Des films documentaires pour investir la ville, et des ateliers pour la raconter. Nées il y a trois ans, les rencontres du film documentaire de Redeyef (Rdfr) se poursuivent cette année avec 11 films et une variété d'écrans, et ce, du 28 au 31 août. Les détails du programme ont été révélés lors d'une conférence de presse tenue vendredi dernier à Tunis. Zouhair Ben Abdallah de l'association Nomad08, Belhassen Handous du bureau de l'Afrique du Nord de la fondation Rosa Luxembourg, co-organisatrice des Rdfr, et Alaeddine Slim, son directeur, ont pris la parole afin de présenter la vision des rencontres et de leurs différentes sections. «Nous voulons créer et maintenir un espace de débat et soutenir la région du bassin minier par la culture», a déclaré Belhassen Handous. La particularité de la ville de Redeyef, où la majorité de la population est faite de jeunes motivés pour la création artistique mais qui manquent de lieux et d'activités pérennes, a directement influencé la programmation, avec des films à vocation socioéconomique, «à l'image de ce que le cinéma documentaire ne cesse de proposer depuis son apparition : un point de vue autre que celui proposé par les médias et une richesse dans les processus de création», expliquent les organisateurs. Une douzaine de films appartiennent à différentes tendances du cinéma documentaire, organisées en sections. La première est « Les échos du monde », « dédiée aux films documentaires récents dont les thématiques gravitent autour des problématiques socioéconomiques que connaît le monde actuellement », avec « Le visage de Dieu » de Bahram Aloui, « Je suis le peuple » de Anna Roussillon, « Samir dans la poussière » de Mohamed Ouzine, « Dans ma tête un rond-point » de Hassan Ferhani et « Callshop Istanbul » de Hind Ben Chekroun et Sami Mermer. La deuxième est « Lumière sur », « dédiée aux films documentaires tunisiens peu diffusés dans le pays avec une modernité des traitements et des approches, tant sur la forme que sur le fond ». Les films proposés dans cette section sont « Matanza » de Hassan Daldoul, « Refuge » de Nadia Touijer et « Gharsallah, la semence de Dieu » de Kamel Laaridhi. Pour la troisième section, intitulée « Un cinéaste/un parcours », le réalisateur Ridha Tlili a parlé de son expérience tant sur le niveau du processus que de la forme, autour de trois de ses films : « Teriague », « Jiha » et « Révolution moins 5 ». La dernière section, « Regards », invite trois cinéastes tunisiens à « tourner des films courts sur la ville de Redeyef, avec une liberté totale dans le thème ainsi que le processus de création ». Il s'agira cette année de Youssef Chebbi, Aladin Abou Taleb et Nadia Touijer. Après des projections dans des places publiques et des cafés de quartier, les deux précédentes éditions, les projections auront lieu à la maison de la culture, la maison de jeunes, l'Economat et la salle des fêtes de Redeyef. « Nous avons choisi de ne pas faire de compétition et d'investir l'infrastructure publique comme la maison de jeunes et la maison de la culture, car les habitants de la ville y ont droit », a annoncé Alaeddine Slim. «Notre objectif est de faire de ces rencontres une tradition ancrée dans la ville, qui y investit plusieurs espaces et permet à ses habitants de découvrir des approches cinématographiques variées et de créer leurs propres images», a ajouté Zouhair Ben Abdallah. Dans ce sens, deux ateliers sont prévus durant les rencontres du film documentaire de Redeyef : un atelier d'initiation au cinéma documentaire, dirigé par le cinéaste Ridha Tlili et un atelier photo, dirigé par le directeur de la photographie Amine Messadi. Au programme également, un ciné-concert créé par le musicien tunisien Oussema Gaïdi, connu sous le pseudonyme de ‘YNFL-X', pour le film «Leçons de ténèbres» du cinéaste allemand Werner Herzog, et qui date de 1992.